La réforme des retraites vue d’Europe : « En Suède, malgré des protestations à propos des inégalités, le système n’a jamais été contesté en tant que tel »

0
24

Pourquoi réformer les systèmes sociaux pose-t-il tant de problèmes en France alors que la Suède et plusieurs autres pays ont procédé à des réformes similaires ? En Suède, l’âge de départ à la retraite est flexible. Plus on part à un âge avancé, plus la pension est élevée. La base financière du système, ce sont les revenus futurs sur le capital investi. La plupart des citoyens sont également couverts par un complément de pension lié à leur ancien emploi. En dépit des protestations exprimées à propos des inégalités qui en résultent pour les revenus les plus modestes, le système n’a jamais été contesté en tant que tel.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Suède : le lent déclin d’un « modèle » qui n’en finit pas de creuser les inégalités entre riches et pauvres

La France et la Suède ont pourtant ceci de commun que le clivage gauche/droite y a toujours été la principale ligne de fracture politique. Mais il s’est traduit de façon différente sur le plan politique. En Suède, la social-démocratie, sous la forme d’un socialisme réformiste, a été la force motrice du projet d’Etat-providence et des réformes de l’assistance sociale. Quand le Parti social-démocrate suédois des travailleurs a été battu en 1976 après quarante-quatre années de pouvoir, et remplacé par un gouvernement de centre-droit, celui-ci n’a pas modifié en profondeur le régime social.

De façon assez étonnante, les partis de gauche et de droite, à l’exception de la gauche de la gauche et de la droite dure, ont conclu dès les années 1990 un accord sur la base financière des futures retraites. Les principaux partis de gauche et de droite (sociaux-démocrates et conservateurs modérés) ont été capables de signer un tel accord en mettant de côté leurs différences idéologiques. L’accord était fondé sur plusieurs rapports officiels réalisés par des experts neutres sur la manière dont l’individualisation, la mondialisation et l’amélioration de la santé affecteraient dans l’avenir la population et les finances publiques.

Nouvel enjeu politico-culturel

La gauche française, en revanche, n’est jamais parvenue à unir ses forces, hormis en de rares occasions. Le Parti communiste, adepte d’un socialisme révolutionnaire, a été à partir des années 1940 le courant idéologique le mieux organisé de la gauche. Cela a eu pour conséquence que le mouvement gaulliste, conservateur et nationaliste (avec cependant certains traits de gauche), a été le moteur de la modernisation du système social post-colonial français. Il a ouvert la voie à la période socialement et économiquement libérale des années 1970 et 1980, avec des gouvernements composés de forces issues de la droite comme de la gauche. Mais ni les unes ni les autres n’ont réussi à conclure des accords sur des solutions économiques ou financières à long terme capables de préserver le régime social dans une période de changement mondial.

Il vous reste 56.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici