Une dernière hausse pour la route ? Jeudi 14 septembre, la Banque centrale européenne a augmenté son taux d’intérêt de 0,25 point, à 4 % pour son taux de dépôt, qui fait référence. Il s’agit du plus haut niveau jamais atteint depuis la création de la monnaie unique. C’est aussi la dixième augmentation de suite, constituant ainsi le plus rapide durcissement monétaire de l’histoire de la zone euro. Au total, le taux de dépôt est passé de − 0,5 % en juin 2022 à 4 %.
Mais dans le même temps, l’institution monétaire indique qu’un plafond a désormais été atteint. « Le conseil des gouverneurs considère que les taux d’intérêt de la BCE ont atteint des niveaux qui, [s’ils sont] maintenus suffisamment longtemps, vont apporter une contribution substantielle à ramener l’inflation rapidement à l’objectif [de 2 %]. » En clair, derrière ce langage jargonnant de banquier central, la BCE entre dans une nouvelle phase de stabilisation des taux d’intérêt.
« Nous pensons que cela marque un pic de taux d’intérêt pour la BCE et qu’elle les gardera à ces niveaux jusqu’au deuxième semestre 2024 », estime Charles Seville, économiste à l’agence de notation Fitch. Christine Lagarde, la présidente de l’institution, se veut plus prudente que cela, pour éviter d’insulter l’avenir : « Nous ne disons pas que nous avons atteint un pic. Mais désormais, nous allons plus nous concentrer sur la durée [pendant laquelle les taux vont rester à ce niveau]. »
La stagnation, objectif recherché
Les vingt-six membres du conseil des gouverneurs (un par pays de l’euro et six au directoire) avaient entamé leurs discussions mercredi avec une vraie incertitude. Pour la première fois depuis l’envolée des prix, une hausse des taux d’intérêt n’était plus une évidence.
D’un côté, l’inflation se réduit. « Nous étions à 10,6 % [en octobre 2022], rappelle Mme Lagarde. Nous sommes maintenant à 5,3 %. Est-ce satisfaisant ? Non. Mais c’est un recul. » De l’autre, l’économie est désormais en quasi-stagnation. « Nous traversons cinq trimestres de croissance très, très molle », poursuit Mme Lagarde. La zone euro frôle la récession et l’Allemagne, pays le plus touché, y est clairement entrée. Selon les prévisions de la BCE, publiées jeudi, la croissance ne devrait être que de 0,7 % cette année. L’institution a aussi revu à la baisse sa prévision pour l’année prochaine : au lieu d’une croissance de 1,5 % en 2024, elle table désormais sur 1 %.
Du point de vue de la BCE, cette stagnation était l’objectif recherché. La hausse des taux d’intérêt cherche à ralentir volontairement l’économie et tous les indicateurs montrent que c’est ce qui est en train de se passer : les emprunts réalisés par les ménages connaissent leur plus fort recul depuis la création de la zone euro ; un peu partout, les marchés immobiliers sont en baisse ; les banques ont durci leurs critères de prêts…
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