Inquiétude sur le sort d’un journaliste franco-afghan détenu par les talibans

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Dans un premier temps, les autorités françaises ont cru que la libération du journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, arrêté à Kaboul le 7 janvier, était une question de semaines. Près de deux mois plus tard, l’inquiétude commence à poindre. On pouvait, en effet, croire que le régime taliban entendait faire passer un message aux journalistes afghans et étrangers sur sa volonté d’interdire toute forme de contestation, de critiques ou même d’informations jugées négatives. Une autre crainte a désormais surgi : que les dirigeants veuillent le garder comme monnaie d’échange pour desserrer l’étau international qui isole aujourd’hui le pays.

Afghan d’origine et réfugié en France depuis 2015, Mortaza Behboudi, âgé de 28 ans, avait décidé de revenir en Afghanistan pour un reportage, croyant, sans doute, que son passeport français le protégerait. Il atterrit le jeudi 5 janvier. Le vendredi étant un jour chômé, il attend le samedi 7 janvier pour solliciter son accréditation auprès du ministère des affaires étrangères, un permis de travail obligatoire, valable la durée du séjour dans le pays. Sans ce sésame, il est interdit d’exercer son métier de journaliste. « Toute infraction en la matière constitue un délit », disait encore, début février, au Monde, le porte-parole du ministère des affaires étrangères afghan, Abdul Qahar Balkhi.

« Accusations d’espionnage »

C’est en se dirigeant vers les bureaux de ce ministère que Mortaza Behboudi a été contrôlé à l’un des nombreux barrages désormais installés dans la capitale par les talibans. Après la vérification de son identité, les policiers l’ont extrait de son véhicule. Il serait, aujourd’hui, entre les mains des services de renseignement talibans dans l’un de leurs centres de détention, à Kaboul. La présentation de son passeport français n’y a rien fait. Selon nos informations, son arrivée aurait été signalée dès son passage de la frontière, son nom figurant sur une « liste noire » de personnes jugées indésirables en Afghanistan, établie par les autorités talibanes.

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Cette liste, dont Le Monde a pu avoir confirmation sur place, comprend des noms de médias, de journalistes et d’individus pouvant disposer de cartes de presse mais considérés comme des militants politiques, catégorie dans laquelle semble avoir été classé Mortaza Behboudi. Après avoir vécu en Iran, où ses parents s’étaient réfugiés et où il avait entamé une carrière comme photoreporter, il avait ensuite gagné la France. Il a collaboré, depuis, avec de nombreux médias, dont France Télévisions, TV5 Monde, Arte et Radio France, et créé, avec des confrères exilés, un site d’information, Guiti News, dont la ligne éditoriale est ouvertement très critique à l’encontre des talibans afghans.

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