Heurts en Casamance : la tension monte au Sénégal avant le procès de l’opposant Ousmane Sonko

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Des heurts ont opposé les forces de l’ordre sénégalaises et des partisans d’Ousmane Sonko lundi 15 mai à Ziguinchor (sud) à la veille de la comparution prévue de l’opposant devant un tribunal pour viols, un complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle selon lui.

L’affaire Sonko, feuilleton aux confins de la politique et des mœurs qui tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans, a une fois de plus fait monter la tension et fait craindre un accès de violences. Ousmane Sonko s’expose à son arrestation s’il s’en tient à son refus de se présenter devant des juges, selon lui complices d’un coup monté pour l’empêcher de concourir à l’élection présidentielle de 2024. Une incertitude totale régnait sur ses intentions lundi en milieu de journée.

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Des jeunes se sont mobilisés lundi à Ziguinchor, la ville dont il est le maire depuis 2022 et où il s’est retiré il y a quelques jours, à plusieurs centaines de kilomètres de Dakar en Casamance. Des groupes ont lancé des pierres contre les forces de l’ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes, a constaté un correspondant de l’AFP.

Les sympathisants de M. Sonko ont établi des barrages dans différentes rues à l’aide de blocs de pierre et de troncs, et brûlé des pneus. De nombreux partisans de tous les âges se sont regroupés dimanche soir autour de son domicile à Ziguinchor pour former un bouclier humain contre une tentative d’arrestation, ont rapporté les médias.

Condamné à six mois de prison avec sursis

Le président « Macky Sall devra passer par nous s’il veut attraper Sonko », a dit Cheikh Tidiane Dieye, l’une des personnalités de l’opposition qui ont fait le voyage de Ziguinchor pour le soutenir.

M. Sonko, président du parti Pastef et troisième de la présidentielle en 2019, est censé se présenter mardi 16 mai devant une chambre criminelle à Dakar pour viols et menaces de mort sur une employée d’un salon de beauté de la capitale.

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M. Sonko a toujours réfuté les accusations et crié au coup fourré. Il a annoncé qu’il ne répondrait plus aux convocations de la justice, instrumentalisée selon lui, après avoir été condamné en mai à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre. Cette peine à elle seule pourrait le priver de son éligibilité.

Les textes stipulent que M. Sonko devrait se présenter au greffe du tribunal au plus tard la veille de son procès. A défaut, la justice peut le faire amener de force ou le juger par contumace. Elle peut aussi décider de le placer en détention en vue de son procès s’il se présente au greffe. Ni les avocats, ni le porte-parole de son parti, sollicités par l’AFP, n’ont dit s’il persistait dans son refus de comparaître. M. Sonko lui-même ne s’est plus exprimé depuis plusieurs jours.

Forte adhésion chez les moins de 20 ans

Ses rendez-vous avec la justice ont régulièrement donné lieu à des incidents ou paralysé Dakar. Ses adversaires l’accusent de s’en remettre à la rue pour échapper à la justice ou d’être un agitateur fomentant un projet « insurrectionnel ». Son interpellation en 2021 a contribué à déclencher plusieurs jours d’émeutes qui ont fait au moins douze morts.

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La personnalité de M. Sonko divise. Son discours souverainiste, panafricaniste et social, ses diatribes contre les élites, la corruption et l’emprise économique et politique exercée selon lui par l’ancienne puissance coloniale française lui valent une forte adhésion chez les moins de 20 ans qui représentent la moitié de la population.

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Son cas monopolise le débat public depuis deux ans, avec les intentions du président Macky Sall. Ce dernier, élu en 2012, réélu en 2019, entretient le flou sur une nouvelle candidature en 2024. Un troisième mandat de sa part a de nombreux adversaires qui le disent contraire à la Constitution.

Le Monde avec AFP

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