Les lobbyistes du secteur diamantaire d’Anvers (Belgique) − la première place mondiale − font valoir qu’une privation des importations en provenance de Russie – premier producteur mondial de diamant brut – entraînerait une chute de 30 % de leur chiffre d’affaires et menacerait 10 000 emplois directs. Tandis que d’autres places mondiales, comme Dubaï (Emirats arabes unis) ou Bombay (Inde), qui n’appliqueraient pas de mesures restrictives, en profiteraient, selon les représentants belges. Au total, la Russie a exporté des diamants pour un montant estimé entre 4 milliards et 5 milliards de dollars en 2021, rapporte l’Agence France-Presse.
Jusque-là, les diamants russes échappaient aux sanctions économiques : la Belgique s’y est toujours opposée, arguant qu’une telle mesure « n’aurait aucun sens économiquement », puisqu’elle « pénaliserait un Etat membre en particulier » – à savoir elle-même –, tandis que la Russie « pourra[it] toujours vendre ses diamants ailleurs ». Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait adressé un appel aux députés belges en mars 2022. « La paix a plus d’importance que les diamants russes vendus à Anvers. Aidez-nous ! », avait-il plaidé.
Mais, cette nuit, le Royaume-Uni a annoncé de nouvelles sanctions ciblant le secteur minier russe, dont les diamants, mais aussi l’aluminium, le cuivre et le nickel, dans le but de restreindre la capacité de Moscou à financer sa guerre en Ukraine. Quant à l’Union européenne, elle a annoncé ce matin « limiter le commerce des diamants russes » par la voix du président du Conseil européen, Charles Michel, au sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, en ajoutant que les « diamants russes ne sont pas éternels ». Les pays du G7 (Canada, Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie) et de l’Union européenne représentent environ 70 % du marché mondial du diamant.