La Russie favorable au renouvellement de l’accord céréalier pour soixante jours seulement
Moscou s’est dit lundi favorable au renouvellement de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire le 18 mars, pour soixante jours, et non cent vingt comme cela a été le cas jusqu’à présent. L’annonce a été faite par le vice-ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Verchinine, à l’issue des pourparlers qu’il a tenus à Genève (Suisse) avec le chargé des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, et la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Rebeca Grynspan.
« La partie russe (…) ne s’oppose pas à une nouvelle prolongation de l’“initiative de la mer Noire” après l’expiration de son deuxième mandat le 18 mars, mais seulement pour soixante jours », a dit M. Verchinine dans une déclaration écrite envoyée aux médias à l’issue de la réunion. « Notre position future sera déterminée par les progrès tangibles dans la normalisation de nos exportations agricoles, non pas en paroles, mais en actes. Cela comprend les paiements bancaires, la logistique du transport, l’assurance, le dégel des activités financières et l’approvisionnement en ammoniac via l’oléoduc Togliatti-Odessa », a-t-il développé.
L’accord dit de la mer Noire, signé en juillet 2022 pour cent vingt jours entre l’ONU, l’Ukraine, la Russie et la Turquie, a permis de limiter la grave crise alimentaire mondiale provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février. Il avait été renouvelé en novembre pour la même période et a jusqu’à présent permis d’exporter plus de 24 millions de tonnes de céréales depuis les ports ukrainiens, selon l’ONU. La Chine est le premier destinataire des exportations réalisées dans le cadre de l’accord, l’Espagne le deuxième et la Turquie le troisième.
L’Ukraine a réclamé la semaine dernière des efforts internationaux pour maintenir ouvertes les voies maritimes en mer Noire utilisées pour le transport de ses céréales, et le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait demandé lors du G20 début mars que la Russie renouvelle l’accord.
Mais la Russie, de son côté, n’est pas satisfaite d’un autre accord bilatéral signé avec l’ONU sur les exportations d’engrais russes, signé également en juillet 2022 mais qui court pour trois ans. Moscou se plaint que ses exportations d’engrais, un produit de première nécessité pour l’agriculture mondiale, sont de facto bloquées bien qu’elles ne tombent pas sous le coup des sanctions imposées par les pays occidentaux depuis le début de la guerre. « Les exemptions de sanctions pour les denrées alimentaires et les engrais annoncées par Washington, Bruxelles et Londres sont pour l’essentiel inactives », a encore affirmé lundi M. Verchinine.