Lorsqu’il s’est fracturé la main, en juillet, Santiago Arata a cru voir s’envoler ses rêves de Coupe du monde de rugby en France. C’est en tout cas le sens du premier diagnostic donné au demi de mêlée uruguayen alors en pleine préparation du Mondial avec ses coéquipiers. Le joueur emblématique du Castres olympique (CO), en première division française, confie alors sa détresse au médecin de son club, qui va faire jouer ses relations. Dès le lendemain, Santiago Arata est dans un avion pour la France, direction une table d’opération toulousaine.
Quelques semaines de rééducation plus tard, le fer de lance de sa sélection s’apprête à entamer sa deuxième Coupe du monde, face à la France (jeudi à 21 heures), dans la peau d’un titulaire.
Quelques jours avant le match, dans l’hôtel de sa sélection, au cœur d’Avignon, Santiago Arata a des étoiles dans les yeux : « Si je suis ici aujourd’hui, à 100 % pour le match contre la France, c’est grâce à la France, grâce à votre médecine. Vous, en tant que Français, vous ne vous rendez pas compte de la qualité de vie que vous avez. Je viens d’un pays sous-développé, où il faut avoir du pognon ou des contacts. Ici, c’est incroyable ! Chaque Français est considéré de manière égale. »
« Je me demandais si j’avais fait le bon choix »
Le natif de Montevideo n’a pas toujours eu cette vision un brin idyllique de l’Hexagone. Il débarque dans la préfecture du Tarn à l’été 2020, peu après une Coupe du monde au Japon où il a impressionné tous les observateurs de la planète rugby. Lui, l’ancien footballeur initié au rugby à l’âge de 13 ans en marge de ses cours au lycée français de Montevideo a notamment porté son équipe lors de sa victoire face aux Fidji, une performance qui a marqué le premier tour du Mondial 2019.
Lorsque arrivent l’hiver et le rebond de la pandémie de Covid-19, loin de sa famille et de sa compagne restées en Uruguay, seul dans son appartement du centre-ville, les restrictions, le couvre-feu et l’isolement sont difficiles à vivre. « C’était une période compliquée, reconnaît le demi de mêlée de poche. Castres est une petite ville, je ne connaissais personne, je ne fréquentais personne. Il n’y avait que les entraînements. Je me demandais si j’avais fait le bon choix. »
D’autant que son départ pour la France ressemblait à un pari, lui qui envisageait même d’arrêter le rugby après le Mondial 2019. Mais Santiago Arata est un homme de défi, alors quand le CO lui propose un premier contrat, il ne met pas longtemps avant de se décider à venir s’étalonner dans le championnat le plus relevé de la planète. Il y découvre le rugby professionnel, devient un taulier du vestiaire et fait forte impression sur le terrain. Il termine l’année titulaire à son poste, déboulonnant au passage l’international français Rory Kockott. Devenu, au fil de ses trois saisons en Top 14, l’un des meilleurs demis de mêlée du championnat, il est aujourd’hui à la fin de son bail avec le CO et son profil suscite l’appétit des plus grands clubs.
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