Cela ressemble à une base secrète, dont l’entrée se cacherait quelque part dans une rue anonyme : murs de béton épais, peints d’un blanc immaculé, grandes salles de réunion avec écrans géants, bureaux remplis d’ordinateurs. Il s’agit du centre de crise bâti par la municipalité de Kfar Saba, cité prospère, parmi les vingt plus peuplées d’Israël, dans le centre du pays. Ouvert pendant la pandémie de Covid-19, conçu pour faire face à tout type de catastrophe, des tremblements de terre aux salves de missiles, il se trouve être maintenant le centre nerveux de la ville pour répondre à la nouvelle réalité que vit Israël depuis l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre.
« C’est très grave ce qui nous est arrivé. Israël mettra longtemps à récupérer. L’Etat n’a pas été assez ferme ces dernières années. La leçon numéro un, c’est qu’en cas d’attaque, la première réponse vient des milices citoyennes de réaction rapide. Et si elles ne sont pas assez solides, tout s’écroule », analyse le maire de Kfar Saba, Rafi Saar, mardi 7 novembre. Ces cellules d’autodéfense, appelées « kitot konenut » en hébreu, renvoient aux premiers temps du sionisme, quand les communautés juives établies en Palestine assuraient elles-mêmes leur protection. Depuis la création de l’Etat d’Israël, en 1948, et la mise en place d’une armée au commandement centralisé, elles sont devenues peu à peu désuètes, sauf en Cisjordanie occupée. Les quelques unités restant dans les kibboutz proches de Gaza ont été pour la plupart balayées par l’offensive du Hamas, à part quelques-unes, comme dans la localité de Nir Am, où une douzaine de volontaires ont tenu tête aux assaillants du Hamas.
Aussi, quand, après l’attaque, quelque 1 600 personnes se présentent pour assurer la défense de Kfar Saba, l’édile n’hésite pas. Il décide de créer une milice de réaction rapide, coordonnée à partir du centre de crise. C’est la première de l’histoire de la ville, qui a pourtant été durement touchée par les vagues d’attentats-suicides de la seconde Intifada (2000-2005). La cité est située juste en face de Qalqiliya, une localité de Cisjordanie, encerclée par la barrière de séparation et dont l’économie s’est écroulée. « Les gens veulent retrouver un sentiment de sécurité. Il faut qu’on se prépare à tout, de l’attentat à une attaque massive », estime Rafi Saar.
« Les gens sont rassurés de nous voir »
Quelque 1 200 volontaires sont choisis, dont 400 équipés d’armes personnelles, pour une population de 115 000 habitants. Le maire charge Niv Granot, chef des volontaires au sein du département de la sécurité de la municipalité, de mettre en place un dispositif efficace : « L’idée est de donner une première réponse et de gagner du temps, en attendant l’arrivée de forces professionnelles. Nous avons des équipes dans tous les quartiers. Chacun a sa mission. Chaque membre de la cellule a une application sur son téléphone pour se mobiliser quand quelque chose se passe. »
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