En Israël, la contestation de la réforme de la justice rejoint la critique des violences commises par des colons à Huwara

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L’épouse du premier ministre israélien, Sara Nétanyahou, s’est trouvée bloquée par des manifestants, mercredi soir 1er mars, dans un salon de coiffure de Tel-Aviv. Ce « siège » ou ce « moment Marie-Antoinette », comme le surnomme avec humour Noa Landau, l’une des rédactrices en chef du quotidien de gauche Haaretz, a duré plus d’une heure et demie. Une impressionnante colonne de policiers a fini par rompre les rangs des manifestants. Ils ont dégagé un passage au cortège de voitures de Mme Nétanyahou, qu’escortaient au galop des policiers à cheval.

Trois heures plus tôt, Benyamin Nétanyahou avait lancé une adresse d’une noirceur inédite à la télévision. Il dressait une « ligne rouge » contre « la violence et l’anarchie » qu’il voit s’installer en Israël. Un mouvement social massif dénonce depuis deux mois son projet de réforme de la justice, qui vise à libérer l’exécutif de toute supervision judiciaire indépendante.

M. Nétanyahou a comparé les manifestants aux colons israéliens qui ont mené dimanche une expédition punitive dans l’impunité contre le village palestinien de Huwara, en Cisjordanie, après le meurtre de deux d’entre eux. Il a présenté le débat sur sa réforme comme une guerre culturelle qui dresse une part d’Israël contre l’autre – les enquêtes d’opinion indiquent qu’une nette majorité la craint.

Il a évoqué le traumatisme que fut pour la droite l’évacuation des colonies de Gaza, décrétée par Ariel Sharon en 2005. Il a suggéré aux manifestants de s’inspirer du combat politique qu’ont depuis mené les colons pour qu’un tel précédent ne puisse se reproduire, un combat qui culmine dans la réforme de la justice. Le premier ministre a oublié de préciser que la résistance à l’évacuation de Gaza fut marquée par des massacres perpétrés contre des Palestiniens à Shilo et à Shefa Amr (huit morts).

Ce discours et cette journée marquent un tournant. Pour la première fois, le lien est fait entre la réforme de la justice et la violence exercée par l’armée et les colons dans les territoires. A Tel-Aviv, des manifestants lançaient mercredi aux policiers : « Où étiez-vous à Huwara ? »

« Incitation à la violence »

Dans la journée, le ministre chargé des colonies au sein du ministère de la défense, Bezalel Smotrich, avait paru appeler l’armée à y mener un nettoyage ethnique, affirmant qu’« Huwara doit être rasé. L’Etat d’Israël est celui qui doit le raser et non, à Dieu ne plaise, des individus isolés. » L’administration américaine, qui pourrait accueillir M. Smotrich à Washington en mars, a dénoncé une déclaration « irresponsable, répugnante et écœurante ». Elle demande à M. Nétanyahou de désavouer cette « incitation à la violence ».

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