L’ayatollah Ali Khamenei a accusé, samedi 4 juin, l’« ennemi », notamment les Etats-Unis, d’exploiter contre la République islamique d’Iran les manifestations qui ont éclaté ces dernières semaines dans le pays, contre la vie chère et la corruption. « Aujourd’hui, l’ennemi compte beaucoup sur les protestations populaires pour frapper le système islamique », a déclaré M. Khamenei dans une allocution télévisée.
Cette déclaration intervient après une vague de manifestations contre la hausse des prix des produits de première nécessité. Ce mouvement de contestation, sur fond d’accusations d’incompétence et de corruption, a été relancé, la semaine dernière, par l’effondrement d’un immeuble qui a fait au moins trente-sept morts à Abadan, dans la province du Khouzistan, dans l’ouest du pays.
« [L’ennemi] espère pouvoir monter le peuple contre la République islamique par un travail psychologique, des activités sur Internet, l’argent et la mobilisation de mercenaires », a affirmé M. Khamenei, sans plus d’explications. « Les Américains et les Occidentaux ont fait des erreurs de calcul dans le passé (…). Aujourd’hui encore, ils font une erreur de calcul en pensant pouvoir opposer la nation iranienne à la République islamique », a-t-il ajouté.
« Punir » les responsables d’un effondrement meurtrier
M. Khamenei a tenu ces propos dans le sud de la capitale iranienne, Téhéran, devant une foule rassemblée au mausolée dédié à l’ayatollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique, mort le 3 juin 1989. Il a aussi réitéré son appel à « punir » les responsables de l’effondrement de l’immeuble survenu le 23 mai.
Des manifestations nocturnes ont eu lieu après le drame dans plusieurs villes pour réclamer des poursuites contre les responsables de cette catastrophe, l’une des plus meurtrières depuis des années en Iran. La justice a affirmé avoir arrêté treize personnes, dont le maire d’Abadan, accusées d’être « responsables » du drame.
Tensions après la saisie de deux pétroliers grecs
En outre, M. Khamenei a rejeté les accusations selon lesquelles l’Iran avait « volé » du pétrole lors de la saisie, par les forces iraniennes, le 27 mai, de deux pétroliers battant pavillon grec dans le Golfe. Athènes a dénoncé des actes « assimilables à de la piraterie » ; les Etats-Unis, la France et l’Allemagne ont exhorté l’Iran à relâcher les navires.
« [L’ennemi ]accuse l’Iran de vol (…), mais c’est vous qui avez volé notre pétrole », a dénoncé le Guide suprême. « Le pétrole iranien a été volé au large de la Grèce, puis les braves [soldats] de la République islamique se sont rattrapés en s’emparant du navire pétrolier ennemi. »
En vertu des sanctions européennes liées à la guerre en Ukraine, les autorités grecques avaient elles-mêmes saisi un pétrolier russe, le 19 avril, au large de l’île d’Eubée. La cargaison du tanker avait été alors été estimée à 115 000 tonnes de pétrole iranien.