En Finlande, l’extrême droite se prépare à entrer au gouvernement à ses conditions

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Le prochain gouvernement finlandais, attendu dans les prochaines semaines, devrait être le plus conservateur depuis la seconde guerre mondiale. Deux mois après les élections législatives du 2 avril, les pourparlers en vue de la formation d’un gouvernement se poursuivent à Helsinki. Vainqueur du scrutin, le leader du Parti de la coalition nationale (conservateur), Petteri Orpo, négocie avec les chrétiens-démocrates, le Parti populaire suédois de Finlande et les Vrais Finlandais (extrême droite).

La tâche se révèle d’autant plus difficile que l’extrême droite, arrivée en deuxième position aux élections avec 20,1 % des voix, se montre inflexible, essentiellement sur la politique migratoire du pays ; elle souhaite réduire au maximum le droit d’asile, le regroupement familial et l’immigration de travail, que le gouvernement sortant, dirigé par la social-démocrate Sanna Marin, a encouragée ces dernières années.

Dirigé par Riikka Purra, le parti des Vrais Finlandais est déterminé à éviter le fiasco sur lequel s’était soldée sa première participation au gouvernement entre 2015 et 2017. A l’époque, son fondateur, Timo Soini, qui se revendique comme « populiste », était encore aux commandes. Il s’était allié aux centristes et aux conservateurs, au sein d’un gouvernement mené par le centriste Juha Sipilä, qui l’avait nommé ministre des affaires étrangères.

Nationalisme réactionnaire

Mais Timo Soini s’était rapidement retrouvé contesté par sa frange la plus radicale, incarnée par le très controversé Jussi Halla-aho, promoteur d’un nationalisme réactionnaire, opposé à son « populisme responsable ». Les factieux lui reprochaient ses compromis et le fait qu’il n’ait pas empêché l’arrivée de plus de 32 000 demandeurs d’asile dans le pays en 2015 (soit neuf fois plus que l’année précédente).

Avant le congrès du parti en juin 2017, Timo Soini, souhaitant passer la main, avait désigné son dauphin, le député Sampo Terho. Le jour du vote, celui-ci n’eut aucune chance. Jussi Halla-aho avait fait venir ses partisans en bus de tout le pays : il a été élu à la tête du parti, plaçant ses proches à tous les postes-clés. Ce « coup » a bien failli provoquer une crise politique en Finlande : les conservateurs et les centristes ont alors décidé de rompre les liens avec les Vrais Finlandais.

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Pour éviter la chute du gouvernement, Timo Soini et ses partisans ont fait sécession et créé une nouvelle formation, la Réforme bleue, qui a continué à siéger au gouvernement pendant deux ans. Mais privée de fonds et sans structure, elle a disparu du paysage politique lors des élections législatives de 2019, remportant moins de 1 % des voix – contre 17,48 % pour les Vrais Finlandais de Jussi Halla-aho.

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