La Chine a annoncé, lundi 15 mai, avoir condamné à la prison à vie un Américain de 78 ans, résident permanent à Hongkong, accusé d’« espionnage ». Si l’on connaît son nom, John Shing-wan Leung, on ignore les faits qui lui sont reprochés. Son arrestation remonte à avril 2021, mais elle n’avait pas été rendue publique et le jugement n’a été prononcé que lundi par le tribunal de Suzhou, une ville du sud-est du pays.
Ce septuagénaire a été condamné à payer une amende de 500 000 yuans (environ 66 000 euros) ce qui, selon le quotidien Global Times, correspond au montant de son patrimoine. Le South China Morning Post a retrouvé un article du Quotidien du peuple de 2004 évoquant un Américain portant le même nom et né à Hongkong à la même date que celle indiquée sur le jugement. Cet Américain aurait créé en 1985 une association pour faciliter les échanges économiques et culturels entre Oklahoma City et Canton. Ce même homme présidait depuis 2013 une association d’amitié sino-américaine qui, en 2020, avait soutenu la loi sur la sécurité nationale imposée à Hongkong par Pékin.
Les Etats-Unis semblent ne pas vouloir monter l’affaire en épingle. Ni l’ambassade à Pékin ni le consulat américain à Hongkong n’ont publié de communiqué. Un porte-parole a simplement indiqué que les Etats-Unis attachaient la plus grande importance à la sécurité des Américains à l’étranger, mais qu’il ne pouvait pas en dire davantage « pour des considérations privées ».
« Diplomatie des otages »
Le Global Times, qui fait souvent office de porte-parole officieux des autorités chinoises, explique qu’« il y a de nombreux cas similaires, et qu’il n’y a aucune raison d’interpréter ce cas comme une campagne visant un quelconque pays ». Mais, pour accréditer sa thèse, ce journal prend comme exemple Michael Spavor, un Canadien condamné à onze ans de prison pour espionnage. Or cet homme est l’un des deux Canadiens arrêtés en décembre 2018 au lendemain de l’arrestation par le Canada de Meng Wanzhou, la fille du dirigeant de Huawei, puis libérés au lendemain de la libération de celle-ci. Michael Spavor incarne donc au contraire la « diplomatie des otages » mise en place par Pékin.
Si les condamnations d’étrangers à de lourdes peines de prison sont rares en Chine, depuis avril, une nouvelle loi sur le contre-espionnage étend significativement le champ des « secrets » dont la divulgation menacerait la « sécurité nationale ». Début mars, c’est un Japonais travaillant pour la filiale chinoise du laboratoire Astellas qui a été arrêté pour espionnage, sans que les diplomates japonais en poste à Pékin n’aient accès à la moindre information le concernant.
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