Au 15 février, il y avait 11 326 détenus dans les prisons belges pour 9 752 places disponibles, soit un taux de surpopulation de 16 %. Résultat : des détenus entassés dans des cellules trop exiguës, mais aussi 217 « matelas au sol » recensés par une administration qui, depuis quatre décennies, se débat contre une situation apparemment inextricable. Partout, le taux de surpopulation explose : 167 % à Anvers et à Gand, 126 % à Liège, à Namur et à Mons. Ici et là, des gardiens avouent placer des prisonniers qui n’ont commis aucune faute à l’isolement : « Les agents ne trouvent parfois pas de place ailleurs », confie un délégué syndical.
Le comité pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe, le conseil central de surveillance pénitentiaire (un organe rattaché au Parlement belge), des maires qui ont menacé de fermer des établissements, des avocats, des directeurs de prison : tous dénoncent une situation jugée dramatique, voire une « catastrophe nationale », le nombre croissant de détenus aggravant l’état de bâtiments souvent vétustes, mal équipés, et ne respectant pas les normes minimales d’hygiène.
« Deux de nos quatre chaudières sont tombées en panne par grand froid, il faut parfois choisir entre douches et chauffage, la cuisine a été en panne pendant six mois, des plafonds s’effondrent, 60 % des cellules sont infestées par les punaises, mais la surpopulation empêche un assainissement durable », détaille Vincent Spronck, dirigeant de la prison de Mons, un établissement vieux de 166 ans. A Liège-Lantin, la tour centrale du bâtiment s’enfonce, à Merksplas, dans la province d’Anvers, les détenus suffoquant sous la chaleur ont brisé des dizaines de vitres, cet été.
« La situation est connue mais s’aggrave encore de manière notable depuis quelques années », estime Jean-François Funck, président du tribunal d’application des peines de Bruxelles. Les juges ne sont pas en reste pour dénoncer le rôle inefficace de l’Etat : en novembre 2022, le tribunal de Liège le condamnait à remédier à la surpopulation à Lantin. Une procédure identique a été lancée à Mons et l’Etat, condamné en première instance, est en appel à Bruxelles.
Violence entre détenus
Actualisant ses rapports antérieurs, le Conseil de l’Europe a publié un nouvel avis en novembre 2022 après que ses délégués ont visité quatre établissements. Pointant du doigt le « problème récurrent » de la violence entre détenus, il soulignait aussi le manque de personnels et en appelait à une réduction de la population carcérale.
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