En Belgique, élus et partis dépensent l’argent public sans compter

0
16

LETTRE DU BENELUX

Des voyages à grands frais à Dubaï pour le président du Parlement régional de Wallonie, qui a fini par devoir renoncer à son poste. Des missions tous azimuts aussi, et pas en low cost, pour le greffier de l’Assemblée – par ailleurs accusé de harcèlement et suspendu de ses fonctions. Des travaux de rénovation pour la maison des parlementaires wallons qui devrait coûter 46 millions d’euros, quatre fois plus que le devis initial. Sans oublier 3 millions d’euros pour un tunnel qui éviterait aux élus de franchir à l’air libre les deux ou trois dizaines de mètres qui séparent leur parking de leur bureau.

A Bruxelles, pendant ce temps, la révélation d’un projet qui aurait abouti à payer une retraite à vie aux hauts fonctionnaires de l’administration régionale ayant exercé pendant au moins dix ans. Et, pour corser un peu plus ce grand déballage, la divulgation que les partis politiques belges ont dépensé, en 2022, quelque 5 millions d’euros pour assurer leur présence sur Facebook et Instagram. Une somme prélevée sur les 75 millions que l’Etat belge accorde généreusement à ces partis et qui assure les trois quarts de leurs revenus. Ce montant constitue, au regard du nombre d’habitants, un record européen et permet, par exemple, à la formation nationaliste flamande N-VA d’investir dans des biens immobiliers.

Ce parti attaché à faire disparaître la Belgique au profit d’une « confédération » Flandre-Wallonie, perçoit de l’Etat belge 11 millions d’euros chaque année… De l’autre côté de la « frontière » linguistique, le PS reçoit 8,6 millions d’euros. Et, globalement, le patrimoine des partis a quintuplé en l’espace de vingt ans.

« Un art consommé de la dérobade »

Tom Van Grieken, dirigeant du parti d’extrême droite Vlaams Belang, séparatiste et xénophobe, a, lui, pu dépenser sur la seule année 2022 plus de 363 000 euros afin d’assurer sa présence sur les réseaux sociaux, alors même que la loi sur le financement des partis, adoptée en 1989, visait à exclure les formations extrémistes de son champ d’application. Le succès de Vlaams Belang en Flandre a rapidement balayé cette belle idée : comme les autres, il peut mener une sorte de campagne électorale permanente et faire de la propagande grâce à l’argent public.

La loi énonce, en effet, que chaque formation disposant d’au moins un député a droit à une dotation : un montant forfaitaire (quelque 185 000 euros), augmenté d’un montant variable et rondelet (3,17 euros par suffrage obtenu). Si le parti compte au moins un sénateur, il reçoit en outre 74 000 euros, en plus de 1,27 euro par suffrage glané. De quoi permettre, par exemple, au Parti du travail de Belgique (PTB, gauche radicale), grand pourfendeur du système capitaliste dont les Gafam sont sans doute l’incarnation suprême, de payer sur une année 248 000 euros à Facebook et Instagram afin de s’afficher sur leur réseau.

Il vous reste 50.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici