Les nuages continuent de s’amonceler sur l’économie allemande. Les grands instituts de conjoncture anticipent un net recul de l’activité ces prochains mois. Jeudi 7 septembre, l’institut économique de Munich Ifo a annoncé anticiper une contraction de l’activité de 0,4 % pour 2023. Mercredi 6 septembre, l’Institut d’économie internationale de Kiel a pronostiqué une baisse de 0,5 %, celui d’Essen table, lui, sur − 0,6 %, deux chiffres nettement en baisse par rapport aux prévisions qu’ils avaient données à l’été. Le retour de la croissance ne se fera qu’en 2024, et à un niveau relativement faible, entre 1 % et 1,3 %, anticipent les économistes.
La dégradation de la conjoncture internationale affecte particulièrement l’industrie allemande exportatrice. Jeudi, l’Office allemand de la statistique a annoncé une baisse de 0,8 % de la production industrielle en juillet, la troisième d’affilée.
En cause : la croissance en berne sur plusieurs grands marchés d’exportations, qui réduisent leurs dépenses en biens d’investissement made in Germany. « Outre la Chine – où la dynamique économique a récemment été inférieure aux attentes et devrait rester modérée en raison de problèmes structurels –, d’autres pays industrialisés importants, comme la Corée du Sud, s’affaiblissent également », relève Stefan Kooths, de l’institut de Kiel.
Plus grave : dans les industries allemandes les plus énergivores, la baisse des prix de l’énergie n’a pas donné lieu au redressement de la production attendu. Dans la chimie, le niveau de production reste inférieur de 20 % à ce qu’il était avant la crise énergétique. « Sans doute voit-on l’effet de délocalisations qui seront probablement définitives », expliquait Timo Wollmershäuser, de l’Ifo, jeudi matin, à Berlin.
Seul espoir, la consommation
Dans un sondage publié fin août, la chambre de commerce et d’industrie allemande indiquait que 32 % des industries prévoyaient ou avaient déjà réalisé des délocalisations de capacités de production à l’étranger, ou alors réduisaient leur production en Allemagne, en raison des prix élevés de l’énergie. Un chiffre jugé alarmant, car deux fois plus élevé qu’en 2022.
Le troisième facteur de ralentissement tient aux grandes difficultés dans la construction. En raison de la forte hausse des taux d’intérêt, des prix des matières premières et du manque de personnel, beaucoup de projets immobiliers ont perdu toute rentabilité. Les annulations de projets se multiplient, ainsi que les faillites d’entreprises du secteur.
Le seul espoir d’une amélioration de la conjoncture allemande, ces prochains mois, réside dans la consommation des ménages. Grâce aux hausses de salaires substantielles obtenues par les syndicats, ainsi qu’au reflux de l’inflation aux alentours de 2 % prévu en 2024, l’érosion du pouvoir d’achat des Allemands devrait enfin cesser, prévoient les économistes.
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