La musique était splendide, la liturgie millimétrée, les costumes chatoyants, les carrosses un peu ridicules et le temps parfaitement britannique, gris et très mouillé. Le couronnement du roi Charles III, samedi 6 mai en l’abbaye de Westminster, à Londres, s’est déroulé comme prévu, sans accidents notables – chute de couronne ou emballement de cheval.
L’événement était historique : il s’agissait du premier couronnement d’un monarque britannique depuis soixante-dix ans, et probablement du dernier avant quelques années. Cependant, le zèle avec lequel la police a arrêté les militants républicains qui manifestaient pacifiquement en marge du cortège a un peu gâché la démonstration d’unité nationale que la cérémonie était censée incarner.
8 heures du matin sur le parvis de l’abbaye de Westminster, les premiers invités arrivent. Les femmes sont en chapeau et robe à fleurs, les hommes en redingote. Les Lords portent leurs longues robes d’apparat, les Ecossais sont en kilt, chaussettes hautes sur les mollets. Mais il y a aussi des saris, des voiles musulmans et des robes de reines africaines. L’actrice Emma Thompson s’arrête pour saluer les policiers, le musicien Nick Cave chemine accompagné de l’ex-archevêque de Canterbury Rowan Williams. Beaucoup prennent des selfies devant l’entrée de l’imposant édifice gothique qui sert aux couronnements des rois britanniques depuis Guillaume le Conquérant, en 1066.
Sept ex-premiers ministres britanniques sont aussi de la congrégation : Tony Blair discute avec Gordon Brown ; Liz Truss et Boris Johnson s’engouffrent dans l’abbaye sans regarder les caméras. Le président français, Emmanuel Macron, fait une entrée plus discrète, par l’ouest de l’abbaye, tout comme les dirigeants de l’Union européenne : la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, le président du Conseil, Charles Michel, et la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. Le Brexit a beau avoir eu lieu, le soft power britannique semble encore parfaitement fonctionner quand il s’agit de participer à un événement royal.
Volonté d’ouverture
10 h 30, les têtes couronnées entrent en scène. Reines et rois du Danemark, de Suède, d’Espagne… Tout comme de nombreux dirigeants du Commonwealth, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, le dirigeant australien, Anthony Albanese. Enfin, sur le coup de 11 heures, le carrosse du « jubilé de diamant », trois tonnes de bois et de métal dorés à l’or fin, décharge sa cargaison royale alors que sonnent à toute volée les cloches de l’abbaye de Westminster.
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