Conspiration ou corruption ? L’affaire Negreira menace le Barça et déchire le football espagnol

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C’est « le plus grand scandale de l’histoire du football espagnol », proclame la presse sportive madrilène. « Une campagne de harcèlement démesurée et cruelle » et une « agression à l’honneur du club » menée par « les ennemis du Barça », rétorquent les médias catalans. En Espagne, l’affaire Negreira – du nom de l’ancien numéro deux des arbitres espagnols à qui le club catalan a versé 7,3 millions d’euros entre 2001 et 2018 – fait trembler le FC Barcelone et scandalise de nombreux aficionados du ballon rond, qui rejouent les grands matchs de leurs clubs dans leur tête en se demandant si l’arbitrage, ce jour-là, a été vraiment honnête.

L’affaire a fait irruption le 15 février, quand des journalistes de la radio Cadena Ser ont révélé que le parquet de Barcelone avait ouvert une enquête sur les paiements, pour un montant de 1,4 million d’euros, réalisés par le club entre 2016 et 2018 à une société appartenant à José Maria Enriquez Negreira, alors vice-président du Comité technique arbitral (CTA), organe notamment chargé des désignations et affectations des arbitres. Le lendemain, le quotidien conservateur El Mundo renchérit en révélant qu’en dix-neuf ans, entre 2001 et 2018, le total payé à M. Negreira s’est élevé à 7,3 millions d’euros. Pour le club, il n’y a pas lieu de s’indigner : il s’agit d’un simple « consultant externe », qui leur a fourni « des rapports techniques » sur les joueurs et l’arbitrage.

Des explications qui n’ont pas satisfait le parquet de Barcelone. Le 10 mars, il a inculpé le FC Barcelone – en tant que personne morale – et plusieurs de ses anciens dirigeants, pour « corruption », « administration déloyale » et « faux en écritures de commerce ». Le fisc avait été le premier à alerter, lors d’une inspection de M. Negreira au printemps 2022, et avait transmis son dossier au parquet. Si le Trésor public rappelle qu’il n’existe « aucune preuve » selon laquelle ces paiements « ont pu avoir une influence sur les résultats » sportifs, il considère que l’accord avec Negreira « pourrait couvrir des services illicites ».

Le risque d’une exclusion des compétitions continentales

Plusieurs éléments attirent particulièrement son attention, comme le fait que M. Negreira ait retiré près de 560 000 euros en espèces sur la période examinée, entre 2016 et 2018, ou qu’en dépit des 7 millions d’euros qu’il a perçus, son patrimoine n’ait pas grossi. A-t-il utilisé cet argent pour payer des tierces personnes ou distribuer des faveurs ? Et si son travail consistait uniquement à fournir des rapports sur l’arbitrage, et n’avait donc rien à voir avec la position qu’il avait au CTA, pourquoi le Barça s’est-il passé de ses services sitôt qu’il a quitté son poste au CTA, en 2018 ?

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