Le président de la Fédération espagnole de football, Luis Rubiales, suspendu par la FIFA pour avoir donné un baiser forcé à l’internationale espagnole Jenni Hermoso, a annoncé dimanche 10 septembre qu’il allait démissionner de son poste.
« A propos de ma démission : oui, je vais le faire, oui, parce que je ne peux pas continuer mon travail », a-t-il dit dans un entretien accordé au journaliste de télévision anglais Piers Morgan. M. Rubiales a ajouté que son entourage proche lui avait dit : « Luis, tu dois te soucier de ta dignité et poursuivre ta vie. Sinon, tu vas faire du mal aux gens que tu aimes et au sport que tu aimes ».
Sa démission a été notifiée à 21 h 30 au président intérimaire de la Fédération, selon une lettre signée de Rubiales et publiée par les médias espagnols. « Suite à la rapide suspension de la FIFA et aux procédures ouvertes à mon encontre, il est évident que je ne pourrai pas retrouver mon poste », a-t-il écrit dans cette lettre. « Je ne veux pas que le football espagnol puisse subir les préjudices de cette campagne tant disproportionnée » lancée, selon lui, à son encontre, dit-il encore.
Le foot espagnol plongé dans le chaos
Le 20 août, quelques minutes après le sacre mondial de la « Roja » féminine à Sydney, le patron du foot espagnol avait embrassé sur la bouche par surprise Jenni Hermoso, provoquant l’indignation internationale. Refusant de démissionner pour « un petit bisou consenti », il avait attaqué, lors d’un discours retentissant le 25 août, un supposé « faux féminisme » et argué qu’il avait obtenu l’autorisation de la joueuse avant de l’embrasser.
Une version démentie par Jenni Hermoso qui avait dit s’être « sentie vulnérable et victime (…) d’un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de [sa] part ». Elle a porté plainte mercredi. Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tout type de violence sexuelle. Les peines encourues vont de l’amende à quatre ans de prison.
Cette affaire, qui a entraîné la suspension temporaire de Rubiales par la FIFA, a plongé le foot espagnol dans le chaos et éclipsé le sacre mondial de l’équipe nationale féminine. Le premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sanchez, avait dénoncé le 22 août « un geste inacceptable », des excuses « insuffisantes » et estimé que Luis Rubiales devait « aller plus loin ». Les condamnations s’étaient multipliées, de l’Association des footballeurs espagnols en passant par des entraîneurs, des dirigeants de clubs ou des joueuses.
Inculpation pour « agression sexuelle » demandée par le parquet
Après avoir serré les rangs autour de Luis Rubiales, les présidents des fédérations régionales avaient réclamé, le 28 août, sa démission immédiate et s’étaient prononcés pour « une restructuration profonde » de la fédération « afin d’ouvrir la voie à une nouvelle étape de la gestion du football espagnol ».
Critiqué par ses propres joueuses, le sélectionneur Jorge Vilda, un proche de Rubiales, a, lui, été limogé mardi par la fédération et remplacé par son ancienne adjointe, Montse Tomé. Son homologue de la sélection masculine, Luis De la Fuente, a dû pour sa part demander « pardon » la semaine dernière pour avoir applaudi, comme de nombreux membres de la fédération, le discours de Rubiales le 25 août.
Le parquet espagnol a demandé vendredi l’inculpation de M. Rubiales pour « agression sexuelle ». Un juge du tribunal madrilène de l’Audience nationale, compétent lorsque les faits se déroulent à l’étranger, sera désormais chargé d’admettre la requête du parquet ou de la classer sans suite. S’il l’admet, il confiera l’enquête à un juge d’instruction.