Avec les sauveteurs après le séisme au Maroc : « Nous ne trouvons plus que des morts »

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Lundi 11 septembre, ses équipes ont trouvé dans les décombres trente cadavres. « Trente en un jour », dit d’un ton professionnel mais la mine désolée Antonio Avila. Mardi, il y en avait un peu moins. Mais enfin, depuis que son unité de Bomberos sin Fronteras (« pompiers sans frontières ») a débarqué au Maroc, dimanche soir, deux jours après le tremblement de terre qui a fait au moins 2 900 morts et 5 500 blessés vendredi 8 septembre, le sauveteur espagnol n’a encore jamais sorti un survivant de ces amas de pierres et de terre qui furent jadis des villages, au cœur du Haut Atlas. « Nous ne trouvons plus que des morts », regrette-t-il.

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Il fait chaud. L’air est poussiéreux. Il y a un monde fou, sur ce grand terrain vague du village dévasté d’Ijoukak, au sud de Marrakech, où l’on distingue les vestiges de quelques maisons, mais personne ne paraît très bien savoir ce qu’il doit faire. Depuis trois heures, la trentaine de pompiers espagnols entourant Antonio, tous habillés de rouge, attend avec leurs quatre bergers malinois dressés à fouiller dans les décombres.

Tout à l’heure, ils sont montés d’un coup dans les camions, prêts à partir vers l’un de ces hameaux d’altitude encore difficiles d’accès, depuis que la montagne a littéralement englouti la route. Au bout d’une demi-heure, ils en sont descendus sans avoir parcouru 1 mètre : la voie n’est pas encore tout à fait déblayée. Et puis, ils ne savent pas très bien où aller. Il faut un ordre du colonel. « Mais où est le colonel ? »

Des ordres trop lents

L’officier marocain est là, justement, qui répond sans cesse au téléphone et fait mine de ne pas voir l’interprète des pompiers espagnols qui attend ses directives. Il n’y a que lui qui peut décider. Mais il ne décide pas, visiblement harassé par mille autres problèmes à régler. A trois pas, une équipe de pompiers britanniques, l’Union Jack cousu sur leurs casquettes, a pris le parti de dresser des tentes pour la nuit, plutôt que de poireauter sans rien faire. Au point où on est, personne ne rentrera à Marrakech ce soir : il a déjà fallu plus de quatre heures pour faire, à travers les gravats et les ornières, les quelque 75 kilomètres qui séparent la grande ville touristique de ce coin aride à 1 200 mètres d’altitude.

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C’est là, à Ijoukak, indique un panneau, que les équipes de sauveteurs venues d’Espagne, du Royaume-Uni, des Emirats et du Qatar ont établi leur centre de coordination avec l’armée royale du Maroc. Ijoukak fut un village. Désormais, il ne reste qu’un grand terre-plein central, des amas de pierres et le reste à moitié effondré de ce qui fut la poste. On y a dressé des abris et deux ou trois cantines pour les secouristes, des infirmeries de campagne pour les blessés. Il y règne une atmosphère de campement militaire et de foire. Un drôle de bazar, où flottent encore quelques bribes d’espoir pour les familles qui attendent, assises sous les oliviers.

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