La province du Sistan-et-Baloutchistan, située dans le sud-est de l’Iran, est le dernier endroit du pays où la contestation, déclenchée après la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, se poursuit encore dans la rue.
Tous les vendredis, les habitants de Zahedan, la capitale de cette province, majoritairement sunnites, se réunissent dans la grande mosquée de la ville, Zaki. Ils viennent pour crier « Mort au tyran » et « Mort au dictateur », mais aussi pour écouter leur chef religieux, Molavi Abdolhamid, devenu une figure importante de l’opposition au régime.
Vendredi 3 mars, les militaires ont encerclé la grande mosquée, procédant à de nombreuses arrestations violentes. De nouvelles caméras de surveillance ont été installées sur les bâtiments des alentours pour identifier les manifestants. Vers midi, Molavi Abdolhamid a pris la parole devant les fidèles, avant que, quelques minutes plus tard, pour la deuxième semaine de suite, la retransmission de son sermon sur ses pages Instagram et YouTube soit interrompue. Une fois de plus, les autorités de Téhéran ont coupé Internet pour tenter de contrôler la circulation des informations.
Les bribes des déclarations de ce chef spirituel des sunnites – dans un pays majoritairement chiite et avec un pouvoir de la même obédience – sont arrivées peu après sur les réseaux sociaux. Réagissant à l’inaction du pouvoir face à l’empoisonnement en série de plus d’un millier de lycéennes et d’écolières – qui s’étend dans un nombre croissant de villes depuis trois mois –, ce religieux de 76 ans a dit haut et fort ce qu’un grand nombre d’Iraniens pensent tout bas : « Qui peut croire que les autorités, les agents des renseignements et les militaires ne savent pas [qui est à l’origine de ces intoxications] ? Comment cela se fait-il que les auteurs des actes les plus anodins soient rapidement identifiés mais que pour un fait aussi étendu personne ne soit interpellé ? », s’est-il interrogé, identifiant la complaisance, sinon la complicité, du régime dans ce dossier.
« Vendredi noir » à Zahedan
Depuis le mois de novembre 2022, une trentaine d’écoles primaires, de collèges et de lycées de filles en Iran ont fait l’objet d’une série d’empoisonnements inexpliqués. Les victimes se plaignent de difficultés respiratoires, de nausées, de maux de tête et d’engourdissements. Les dirigeants iraniens ont essayé de minimiser les faits, tout en annonçant le début d’une enquête. Aucune explication plausible n’a été donnée sur l’origine de ces actes malveillants.
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