Le duel dans la course au pouvoir du Parti conservateur britannique pour la succession de Boris Johnson opposera Rishi Sunak, l’ancien ministre des finances, et Liz Truss, la secrétaire d’Etat aux affaires étrangères. Après une campagne express lancée à la suite de la démission, le 7 juillet, du premier ministre, emporté par les scandales et les mensonges, les députés conservateurs britanniques votaient une cinquième et dernière fois mercredi 20 juillet pour choisir les finalistes, dont l’un occupera Downing Street. Les 200 000 adhérents du parti doivent maintenant les départager lors d’un vote par correspondance dont le résultat doit être annoncé le 5 septembre.
Il est désormais acquis que le gouvernement britannique sera dirigé soit pour la première fois par un homme non blanc, soit pour la troisième fois par une femme. L’ex-ministre des finances était resté en tête mardi à l’issue d’un quatrième vote des députés conservateurs, devant la secrétaire d’Etat au commerce international, Penny Mordaunt, suivie de près par la cheffe de la diplomatie.
Tirant sa révérence lors d’une dernière séance de questions au Parlement en tant que premier ministre, Boris Johnson s’est fendu d’un « hasta la vista, baby » et de conseils à destination de celui ou celle qui lui succédera :
« Restez proche des Américains, soutenez les Ukrainiens, battez-vous pour la liberté et la démocratie partout. Baissez les impôts et dérégulez où vous pouvez pour faire de ce pays le meilleur endroit pour vivre et investir. »
“I want to thank everybody here, and hasta la vista, baby.”
Boris Johnson closes his final PMQs with some advice t… https://t.co/LIh1yL6SlP
Course très ouverte
Rishi Sunak, 42 ans, dont le départ du gouvernement début juillet a contribué à précipiter la chute de Boris Johnson, était en tête depuis le premier vote. Mais la compétition, très ouverte, était loin d’être gagnée pour celui qui semble moins populaire auprès de la base du parti que des députés.
De son côté, Liz Truss, 46 ans, avait été jugée peu convaincante la semaine dernière mais a réussi à réduire l’écart. Elle semble par ailleurs la mieux placée pour récupérer les voix de l’ancienne candidate Kemi Badenoch, qui représente comme elle l’aile droite des tories.
M. Sunak a été accusé par le député David Davis de chercher à « réallouer » certains de ses votes à Liz Truss afin d’éliminer Penny Mordaunt, qu’il considérait comme plus difficile à battre. « C’est la campagne la plus sale que j’aie jamais vue », a affirmé M. Davis sur la radio LBC.
Mme Mordaunt, 49 ans et quasi inconnue des Britanniques il y a encore dix jours, avait été propulsée favorite dans un sondage YouGov la semaine dernière mais jugée floue et peu convaincante lors de deux débats télévisés.
La crise de confiance et les questions d’intégrité ont marqué la campagne, les candidats affirmant tous vouloir tourner – au moins sur la forme – la page de l’ère Johnson entachée de scandales. Les candidats ont également largement débattu de la façon dont ils comptaient s’attaquer à la crise du coût de la vie qui étrangle les ménages britanniques, alors que l’inflation a encore augmenté en juin, atteignant 9,4 % sur un an.
Un débat entre les deux finalistes se tiendra le 25 juillet sur la BBC, a annoncé le groupe audiovisuel public. Il se déroulera en direct depuis Stoke-on-Trent, ville du centre de l’Angleterre qui avait voté à plus de 69 % pour le Brexit lors du référendum de 2016, devant un public de 80 à 100 personnes.
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