La Cour suprême du Pakistan a invalidé jeudi 11 mai l’arrestation de l’ex-premier ministre pakistanais Imran Khan, qui a déclencgé de violentes manifestations dans tout le pays. « Votre arrestation est invalide et le processus entier doit être revu », a déclaré Umar Ata Bandial, le président de la Cour suprême, qui examinait un recours déposé par les avocats de M. Khan contre son arrestation mardi dans une affaire de corruption.
Par ailleurs, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk a appelé jeudi les forces de sécurité pakistanaise à « la retenue » et demandé aux manifestants de « s’abstenir de toute violence ». « La liberté d’expression, le rassemblement pacifique et l’Etat de droit sont essentiels pour régler les conflits politiques – la force disproportionnée n’a pas sa place », a-t-il tweeté alors que les arrestations de partisans de l’ancien premier ministre Imran Khan continuent, après deux jours de violentes manifestations déclenchées par son arrestation.
Le gouvernement a donné son feu vert mercredi à l’envoi de soldats dans la capitale et dans deux provinces, dont celle du Pendjab, la plus peuplée du Pakistan, pour rétablir le calme. La police d’Islamabad a annoncé jeudi que des troupes avaient été positionnées dans la nuit dans la « zone rouge » de la capitale, qui abrite les principales institutions gouvernementales. Les autorités ont coupé l’internet mobile, restreint l’accès aux réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook ou YouTube, et ordonné la fermeture des écoles dans tout le pays.
Des milliers de manisfestants arrêtés
L’arrestation de M. Khan marque une aggravation spectaculaire d’une crise qui couvait depuis son renversement. M. Khan, 70 ans, qui avait été renversé en avril 2022 mais reste populaire et espère revenir rapidement au pouvoir, a été placé en détention provisoire mercredi pour huit jours par un tribunal spécial à Islamabad, dans une affaire de corruption. Après des mois de crise politique qui l’ont vu défier de plus en plus ouvertement la toute puissante armée, il avait été arrêté mardi dans la capitale, où il répondait à une convocation devant un tribunal dans ce dossier.
Cette arrestation, qui menaçait depuis plusieurs semaines l’ancienne star du cricket, a suscité l’indignation des soutiens de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), qui ont manifesté par milliers et provoqué des heurts avec les forces de sécurité. Chose rare au Pakistan, ils s’en sont pris à des symboles du pouvoir militaire, accusant l’armée d’avoir contribué à l’éviction de M. Khan du pouvoir, ce que celle-ci conteste.
Au moins neuf personnes sont mortes dans des incidents liés aux manifestations, selon la police et les hôpitaux. Des centaines de policiers ont été blessés et plus de 2 000 manifestants arrêtés, principalement dans les provinces du Pendjab et du Khyber Pakhtunkhwa, d’après la police. Au moins huit hauts responsables du PTI, accusés d’avoir orchestré les violences, ont été placés en détention, selon la police.