Au Nicaragua, la répression du régime Ortega-Murillo prend de nouvelles formes

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Le régime autocratique du président Daniel Ortega et de son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo, a inauguré en mai une nouvelle forme de répression au Nicaragua : l’interpellation d’opposants, la nuit, chez eux, la perquisition de leur domicile, leur mise en examen expéditive pour « conspiration » ou « propagation de fausses nouvelles », et leur remise en liberté sous condition de pointer tous les jours au commissariat.

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Depuis début mai, soixante-quinze personnes ont ainsi été arrêtées, puis relâchées, et vivent depuis lors dans la peur d’être interpellées de nouveau et incarcérées. Parmi elles, un journaliste, un médecin ayant dénoncé le gouvernement de négligence pendant la première vague de Covid-19, en 2020, le leader d’une organisation étudiante ou encore la mère de Richard Pavon Bermudez, première victime de la répression des manifestations d’avril 2018, qui avaient fait plus de  trois cents morts.

« Le régime réussit avec cela à élargir le contrôle qu’il exerce sur les opposants, sans avoir à les mettre en prison, ce qui a un coût politique pour lui, explique l’avocat et politologue Eliseo Nuñez. Le fait de devoir pointer tous les jours, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres de leur domicile, leur rend la vie impossible, et a poussé certains à l’exil, une façon de plus de désactiver les cellules d’opposition qui pourraient être encore actives dans le pays. »

Un like peut mener à une arrestation

Dans sa spirale répressive, le régime a également décidé de suspendre, début mai, par une décision de la Cour suprême, l’habilitation à exercer de vingt-sept avocats, parmi lesquels M. Nuñez, l’écrivain Sergio Ramirez ou la défenseuse des droits humains Vilma Nuñez. Tous sont accusés de « trahison à la patrie ». Quinze d’entre eux faisaient partie des 222 prisonniers politiques libérés le 9 février, expulsés vers Washington et déchus de leur nationalité, et donc devenus apatrides. Quelques jours plus tard, 94 autres opposants qui se trouvaient déjà presque tous en exil ont également été déchus de leur nationalité, de leurs droits civiques et de leurs biens.

« Hier soir, je me suis endormie avec la nouvelle de ma suspension [du barreau], mais, ce matin, je me suis réveillée avec l’annonce que le gouvernement espagnol m’a accordé la nationalité, a écrit sur les réseaux sociaux l’avocate et opposante Ana Margarita Vijil. Après une nouvelle difficile, une autre qui donne de l’espoir. » Mme Vijil, qui faisait partie du groupe des 222 opposants expulsés, a passé plus de six cents jours en prison.

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