Au Mexique, la GPA prospère dans un vide juridique

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Dans un coin du cabinet médical, Barbara et Koen Van der Maaten se tiennent la main, sans lâcher des yeux le grand écran. En cette mi-avril, ce couple de Canadiens voit pour la première fois leur fille, un fœtus de 16 semaines, dans une clinique privée d’un quartier chic de Mexico. La gynécologue guide l’échographie dans un anglais parfait : un bras, la colonne vertébrale, et puis s’arrête sur la main qui, d’un coup, s’ouvre et semble les saluer. « Oh my God », s’écrie Koen, tandis que Barbara laisse couler ses larmes et s’excuse : « Cet enfant, on l’attend depuis dix ans et maintenant, c’est palpable », dit cette enseignante de 42 ans, les joues soudain roses sur une peau très blanche.

A leurs côtés, confortablement installée sur le dos, Betty Conde, une jolie Mexicaine de 36 ans, laisse la praticienne parcourir son ventre et sourit. Pour cette chilanga, une habitante de la mégapole, c’est aussi une première, même si elle est déjà mère d’une petite de 2 ans. Cette fois, elle a suivi un traitement hormonal pour le transplant d’un embryon, issu du matériel génétique de Koen et d’une donneuse d’ovocytes. « Techniquement, elle ne fait que prêter son utérus et n’a pas de lien génétique avec l’enfant », explique l’embryologiste Edgar Gonzalez, de la clinique Inovavita.

« C’est moi qui suis infertile », tient à préciser Barbara. « Nous avons tout tenté avant d’en arriver à Betty : on a d’abord cherché à adopter un enfant sans succès, puis on a tenté une GPA [gestation pour autrui] au Canada, là aussi en vain. Betty est un miracle, la plus belle chose qui nous soit arrivée », raconte cette future mère qui a déjà un album de photos où se mêlent les sourires des deux femmes.

Les Canadiens Koen et Barbara Van der Maaten assistent à l’échographie en 3D de leur bébé porté par Betty Conde. A Mexico, le 19 avril 2023.
Barbara Van der Maaten et Betty Conde après l’échographie de cette dernière. A Mexico, le 19 avril 2023.

Une compensation de 15 000 euros

S’ils ont choisi le Mexique, ce n’était pas pour des raisons économiques, « mais [par] un hasard qui a rudement bien fait les choses », dit Koen, un gaillard de 46 ans au sourire généreux. La donneuse d’ovocytes étant au Mexique, ils ont décidé de se déplacer et découvert que la GPA y était possible. « La gestante reçoit une compensation, alors qu’au Canada elle doit être bénévole. Et après, on a adoré Betty, on n’a même plus cherché aux Etats-Unis », raconte Koen.

Un contrat de quarante-trois pages signé par les trois adultes prévoit une compensation de 15 000 euros pour Betty et la prise en charge par les « parents d’intention » de sa couverture médicale et de toutes ses dépenses. Barbara et Koen ont fait un chèque de 70 000 euros, qui couvre l’ensemble des prestations de Gestacy, les volets médical et juridique inclus.

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