Au Mexique, AMLO s’offre un bain de foule pour défendre sa politique énergétique et affaiblir l’opposition

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Exténué après seize longues heures de voyage en bus depuis l’Etat du Chihuahua, dans le nord du pays, un homme vêtu d’un costume deux-pièces et affublé d’une énorme tête d’Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), le président mexicain, marche d’un pas jovial dans les rues de Mexico. Militant du Mouvement de régénération nationale (Morena), le parti de gauche qu’ « AMLO » a créé en 2011, il considère « important d’être avec le président » ce samedi 18 mars car, comme le dit le chef de l’Etat, « l’amour se paie avec de l’amour ».

Comme lui, des dizaines de milliers d’« obradoristas », aussi connus comme « AMLOvers », ont afflué dans le centre-ville de Mexico, répondant à l’appel du président à un rassemblement massif sur la place du Zocalo pour commémorer les 85 ans de la nationalisation du pétrole. Une occasion pour le leader charismatique de s’offrir un bain de foule et d’exhiber à l’opposition la force de son mouvement politique.

Pendant plus d’une heure, face à une foule compacte venue l’écouter et l’applaudir, AMLO a déployé tous ses talents d’orateur. Son discours, mélange de cours magistral d’histoire et d’éloge de son mandat, était ponctué de petites phrases dont l’effet sur l’auditoire est garanti – « je ne mens pas, je parle avec la vérité » –, mais aussi de symboles nationalistes – « le Mexique n’est pas un protectorat des Etats-Unis » –, d’attaques contre ses adversaires – « les oligarques ne reviendront pas au pouvoir » – et de déclarations de principes qui lui sont chers comme la justice sociale.

« On dirait une rock star »

AMLO excelle dans cet exercice. Depuis le podium installé devant le Palais national, et sous le slogan « Humanisme et sauvetage de la nation », il a harangué la foule en la faisant réagir par des « oui » ou « non » aux mots « interventionnisme », « oligarchie », « discrimination sociale », « racisme », « démocratie », « honnêteté » ou « égalité », et a conclu en apothéose avec trois « Viva México » qui ont galvanisé l’audience.

« Je ressens de la fierté quand je l’écoute, il me donne la chair de poule », dit une institutrice à la retraite qui boit les paroles du président, assise sur un tabouret au milieu de la foule. « On dirait une rock star, non ? », s’enthousiasme un quarantenaire de province. « Je sens qu’il me représente ; il nous éduque en politique, à chaque fois qu’on lui pose une question, il répond avec des faits historiques », ajoute-t-il.

Le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, lors d’un rassemblement massif, place du Zocalo, à Mexico, le 18 mars 2023.

Depuis une semaine, l’appareil d’Etat et celui du Morena s’étaient impliqués pour assurer le succès de l’événement. Les sections locales du parti ont mobilisé les bases et organisé la logistique des transports depuis les trente-deux Etats du Mexique. Ministres, gouverneurs, législateurs et intellectuels du parti ont fait la promotion de l’événement, alors que les services de la capitale installaient des écrans géants dans les rues du centre historique.

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