Au Kosovo, des Ukrainiens se forment au déminage

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A Pec, dans l’ouest du Kosovo, au pied des alpes dinariques enneigées, éclairées par le soleil de février, le cadre est époustouflant. Pourtant, Aleksandar (prénom modifié à sa demande) n’est pas là pour profiter de la vue. Cet Ukrainien est venu se former pendant presque deux mois à l’art du déminage. L’homme de 27 ans a rejoint les forces armées de son pays au tout début de l’invasion russe en février 2022. Presque un an plus tard, sur requête de son supérieur, il enchaîne deux formations au sein de ce centre international réputé.

« Les formateurs ont une grande expérience du déminage ici. En Ukraine, nous avons désormais un problème conséquent avec les mines. C’est donc un savoir important qu’on acquiert et qu’on partagera [une fois rentrés] », explique le vingtenaire en uniforme kaki. « On a appris à identifier les différents engins explosifs, et s’il est possible ou non de les déplacer. Cela peut sauver des vies ou aider à prendre les bonnes décisions », continue celui qui travaillait dans l’informatique, à Kharkiv, avant la guerre.

Fondé en 2010 par un ancien soldat britannique envoyé en 1999 pour déminer le Kosovo après la guerre, MAT Kosovo a depuis formé des ressortissants de 70 pays, dont 120 Ukrainiens depuis onze mois. « En 1999, le Kosovo était infesté de mines », se rappelle Arben Qorraj, chargé des finances de l’institution. Le quinquagénaire s’est lui-même engagé dans l’armée de libération du Kosovo – l’UCK – contre l’agresseur serbe en 1998.

Bombes à sous-munitions

La guerre du Kosovo a beau être l’une des plus courtes qu’aient connues les Balkans dans les années 1990, au moins 100 000 mines ont été déployées sur le territoire de cette ancienne province yougoslave, entre février 1998 et juin 1999. Les forces de l’OTAN y ont également largué des bombes à sous-munitions. Le conflit, qui se solda par un retrait des troupes de Belgrade, après les bombardements de l’OTAN en Serbie, a fait une dizaine de milliers de victimes au Kosovo dont une majorité de Kosovars albanais. Le 17 février 2008, le pays déclarait son indépendance, non reconnue à ce jour par des dizaines d’Etats dans le monde, dont l’Ukraine.

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Le retour de la guerre à l’est de l’Europe a fait ressurgir des traumatismes chez bien des Kosovars, dont plusieurs centaines de milliers ont connu les routes de l’exil à la fin des années 1990. « Le Kosovo devrait être complètement débarrassé de ses mines d’ici à 2025, il n’en reste plus que dans quelques zones montagneuses isolées. Mais il y a une bonne cinquantaine de pays minés dans le monde, et la demande en déminage reste très importante, poursuit Arben Qorraj, qui avoue être « terrifié » par la guerre en Ukraine. 1999, c’est encore très frais, notamment pour ceux qui, comme moi, ont perdu des êtres chers. »

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