Au Danemark, la crise des caricatures ne fera pas partie des enseignements obligatoires dans les écoles

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Les enseignants danois ne seront donc pas obligés d’évoquer l’affaire des caricatures de Mahomet en classe. Ainsi en ont décidé les députés du petit pays nordique, mercredi 10 mai, à l’issue de plus de deux heures de débat, au cours desquelles le ministre social-démocrate à l’enfance et à l’éducation, Mattias Tesfaye, opposé à la proposition, a argué des risques pour la sécurité des professeurs et du pays.

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L’idée d’intégrer la crise des caricatures dans les « canons » de l’histoire danoise – ces événements cruciaux dont l’enseignement est obligatoire – avait été soulevée après l’assassinat du professeur d’histoire-géographie, Samuel Paty, décapité par un terroriste islamiste, à Conflans-Saint-Honorine (Yvelines), le 16 octobre 2020. Une enquête menée par le journal Information, auprès de 400 enseignants danois, avait révélé alors qu’un tiers d’entre eux n’osaient pas montrer les dessins du prophète en classe, par crainte pour leur sécurité.

Pourtant, c’est au Danemark, que tout a commencé, le 30 septembre 2005, avec la publication de douze caricatures de Mahomet, dans les pages du journal conservateur Jyllands Posten. Au terme d’une campagne, menée par un groupe d’imams danois, le royaume se retrouve au cœur d’une crise internationale sans précédent : plusieurs de ses représentations diplomatiques à l’étranger sont incendiées, ses entreprises boycottées.

« La violence fonctionne »

Dans les années qui suivent, les services de renseignements danois déjoueront de multiples projets d’attentat contre le journal et les dessinateurs. Par solidarité, Charlie Hebdo publie les douze caricatures, le 8 février 2006, et devient à son tour une cible. Après l’attentat contre le journal satirique, qui a fait douze morts, le 7 janvier 2015, Jyllands Posten décide de ne plus jamais republier les dessins. « La violence fonctionne », expliquait le quotidien, dans un éditorial.

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L’assassinat de Samuel Paty et les témoignages d’enseignants, qui révèlent leur malaise, relancent le débat sur la liberté d’expression au Danemark. Certains profs estiment qu’inscrire les caricatures au programme leur faciliterait la tâche. D’autres s’y opposent, comme le président de l’association des directeurs d’établissements scolaires, Claus Hjortdal, qui remarque que les écoles ont pu « enseigner la liberté d’expression pendant des centaines d’années sans montrer de caricatures de Mahomet » et que les faire circuler dans une classe « où sont assis Yasmin et Muhammad » risque de les blesser.

En 2021, une motion avait été déposée au Parlement par des élus de droite et d’extrême droite. Elle exigeait la mise à jour des plans de sécurité des écoles et demandait au ministère de l’éducation de concevoir du matériel pédagogique sur la crise des caricatures. Mais alors qu’une majorité des députés la soutenait, la motion avait été rejetée, après que le parti social-démocrate, à la tête du gouvernement, avait proposé d’ouvrir des discussions au Parlement.

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