Agression d’une exilée thaïlandaise en France : un Tchèque condamné à quatre ans de prison

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Un nouveau verdict, et une frustration toujours intacte. « La justice française n’a pas pris mon agression à la légère, mais le procès n’a pas permis d’en apprendre plus, et ce qui s’est passé [il y a quatre ans] reste assez obscur », regrette Aum Neko, une militante thaïlandaise prodémocratie, réfugiée politique en France depuis 2015. Jeudi 2 mars, la Cour d’appel de Paris a condamné Petr Donatek, un ancien policier tchèque, à quatre ans de prison ferme, pour « complicité » dans l’agression qu’elle a subie le 17 novembre 2019.

Ce soir-là, la jeune femme avait été rouée de coups par deux hommes, alors qu’elle sortait d’un bar du 15e arrondissement de Paris, avec un groupe d’amis. La police avait interpellé les agresseurs, deux Tchèques, Daniel Vokal et Jakub Hosek. L’enquête avait fait apparaître un troisième homme, de la même nationalité, Petr Donatek, qui avait organisé le voyage et filmé la scène depuis la terrasse d’un autre bar.

MM. Vokal et Hosek ont été condamnés à vingt-six mois de prison ferme, le 23 novembre 2021. M. Donatek, qui se trouvait toujours en République tchèque, s’était vu pour sa part infliger une peine de trente mois de prison pour « association de malfaiteurs » et « complicité de violence aggravée » à l’encontre d’Aum Neko et d’un de ses amis, Nithiwat Wannasiri, blessé alors qu’il tentait de s’interposer.

Interpellation en Italie

M. Donatek, qui avait fait appel, espérait sans doute ne jamais être confronté à la justice française : sa mise en cause dans une affaire séparée, en République tchèque, avait empêché les autorités de son pays de le remettre à la France, en dépit du mandat d’arrêt européen qui le visait. Sa prudence aurait dû le dissuader, toutefois, de franchir une frontière. En juillet 2022, il est interpellé en Italie, où il passe ses vacances en famille, et est livré trois mois plus tard aux autorités françaises.

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Devant la justice, le 1er février, M. Donatek n’a pas livré le moindre élément substantiel, présentant tous les éléments à charge comme une série de malheureuses coïncidences et d’apparences trompeuses. L’incident de 2019, pourtant, est loin d’être un fait isolé : à travers le monde, une série de mystérieuses agressions et de disparitions frappe les militants prodémocratie qui ont choisi l’exil après le dernier coup d’Etat militaire à Bangkok, en 2014. Mais rien, dans l’enquête ni dans les déclarations de l’accusé, n’a permis d’établir l’existence d’un commanditaire unique.

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En dépit de sa frustration, Aum Neko se dit satisfaite du verdict, « qui montre, symboliquement, que les personnes en situation d’asile politique ne doivent pas être mises en danger ». La Cour d’appel de Paris a en effet augmenté la peine de première instance, tout en relaxant M. Donatek de l’accusation d’« association de malfaiteurs » qui avait été retenue contre lui, et dont le cumul avec une autre condamnation est réputé juridiquement périlleux. « Mon client peine à comprendre un verdict qui le relaxe d’une partie de sa condamnation tout en aggravant sa peine », a réagi MPauline Marcé, avocate de M. Donatek. Ce dernier a également été condamné à une interdiction définitive du territoire français.

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