A Rio, les terrasses de bronzage font fureur

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LETTRE DE RIO DE JANEIRO

« Hé, les filles, personne n’est toute nue ? Personne n’a ses petits seins à l’air ? ! » Amusée, Elaine Figueiredo dos Santos nous prie de patienter quelques instants avant de monter sur le toit de sa petite maison. Histoire de voir si les lieux, collés à une montagne parsemée de buissons tropicaux, sont prêts à recevoir un journaliste. D’ordinaire, ils demeurent strictement interdits aux hommes.

Il est près de 11 heures du matin, en ce dimanche de mars, et un féroce soleil d’été écrase Rio de Janeiro. Mais sur la terrasse d’Elaine, il y a foule : une vingtaine de femmes en bikini, allongées sur des chaises longues, offrent leur peau aux rayons ardents. Certaines sont sur le ventre, d’autres sur le dos. De jeunes employées passent les asperger de jets d’eau froide, sous le regard vigilant de la maîtresse des lieux.

A Realengo, quartier populaire de l’ouest de Rio, règnent les lajes de bronzeamento (« dalles de bronzage ») : des terrasses aménagées afin de permettre aux Cariocas de se dorer au soleil. A 47 ans, Elaine dirige l’une des plus réputées de la ville, peinte et décorée de vert, sa couleur fétiche. Dans le milieu, la « patronne » est connue par son surnom, Nani Chicleteira (en français, « Nani la chewing-gumeuse »).

Un graal nommé « marquinha »

« J’ai toujours aimé prendre le soleil. Mes amies me demandaient si je pouvais les aider à bien bronzer. C’est comme ça que j’ai décidé d’ouvrir cet endroit il y a cinq ans », raconte cette joyeuse femme métisse, née et grandie à Realengo. Le succès a été rapide : Nani (qui facture 50 reais – 9 euros – la session) emploie six assistantes et refuse du monde les jours de soleil : « Quand il y a la queue, on distribue des tickets d’entrée par ordre d’arrivée ! »

La « chewing-gumeuse » ne se contente pas de mettre des transats à dispostion. Car l’objectif des clientes cariocas est d’abord et surtout d’obtenir un graal nommé marquinha (« petite marque »), c’est-à-dire le tracé blanchâtre laissé par la marque du bikini sur le corps bien bronzé. Une sorte de tatouage naturel, qui fait fureur sur les plages ou dans les fêtes de Rio, et même au-delà dans une très grande partie du Brésil.

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Tout cela ne s’improvise pas. Pour obtenir la marquinha parfaite, Nani a sa technique. Elle crée pour ses clientes des bikinis en ruban adhésif (la fitinha), collés à même la peau, avant de les enduire d’une crème de sa conception à base de paraffine : une substance tirée du pétrole qui accélère le bronzage. « En seulement une heure, on arrive au résultat d’une journée entière au soleil ! », assure fièrement Nani.

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