Ils sont plus déterminés que jamais. Depuis le 23 février, une centaine de jeunes Samis et des militants pour le climat de l’association « Natur og Ungdom » (« Nature et jeunesse ») bloquent les entrées de plusieurs ministères à Oslo. Les manifestants exigent le démantèlement de deux parcs éoliens, dont la Cour suprême norvégienne a estimé, en octobre 2021, qu’ils violaient les droits du dernier peuple autochtone d’Europe.
Chaque matin à 7 heures, les jeunes s’installent, en tenue traditionnelle, devant les portes des ministères. Chaque jour, la police vient les en déloger. Mercredi 1er mars, ils ont été rejoints par la suédoise Greta Thunberg, qui a précisé qu’elle n’était pas là pour s’opposer à l’éolien, mais dénoncer une violation des droits de l’homme : « Nous ne pouvons pas mener la transition climatique aux dépens des droits des peuples autochtones », a-t-elle martelé.
Au plus bas dans les sondages, le gouvernement norvégien, dirigé par les travaillistes, semble prendre la mobilisation au sérieux. Mercredi, le ministre du pétrole et de l’énergie, Terje Aasland, qui devait se rendre à Londres, avec une délégation de chefs d’entreprise menée par le prince héritier, a annulé son déplacement.
« Nous sommes épuisés »
La veille, M. Aasland, venu rencontrer les jeunes Samis faisant le sit-in devant la porte de son ministère, s’était fait sévèrement rabrouer par une des porte-parole du mouvement, la chanteuse Ella Marie Haetta Isaksen. « Nous sommes épuisés, et je ne peux pas supporter [de vous voir] assis et [de vous entendre] dire les mêmes bêtises à notre sujet, ce que vous faites depuis 505 jours », lui a-t-elle lancé excédée.
Une référence au temps écoulé depuis le 11 octobre 2021 et ce jugement de la Cour suprême, qui a donné raison à deux groupes d’éleveurs de rennes, engagés dans une bataille juridique depuis plus de dix ans, contre la société publique norvégienne Statnett, responsable du réseau de transport électrique, et le consortium Fosen Vind DA, détenu à 52,1 % par l’Etat norvégien, propriétaire d’un des plus gros complexes éoliens terrestres d’Europe.
Construit sur la péninsule de Fosen, à l’ouest du pays, il se compose de cinq parcs éoliens, dont deux installés sur les terres où les éleveurs de rennes font paître leurs troupeaux l’hiver, depuis cinq siècles. Les Samis ont eu beau protester contre l’érection des 151 turbines, le ministère du pétrole et de l’énergie a fait la sourde oreille, arguant, en 2013, que « les avantages majeurs » tirés de la production d’énergie renouvelable devaient « peser lourd dans la balance » face aux dommages causés aux éleveurs.
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