vendredi, mai 17
La Audi Q8 e-tron à l’usine AUDI de Bruxelles, le 14 décembre 2022.

Renault en 1997, Volkswagen (VW) en 2006, Opel en 2010, Ford en 2014 : la liste des fermetures d’usines d’assemblage automobile et des milliers de pertes d’emplois qu’elles ont entraînées est déjà longue en Belgique. Pouvoirs publics et syndicats craignent désormais qu’il faille y ajouter le nom d’Audi, alors qu’une menace évidente plane sur son unité de Forest-Bruxelles.

L’usine, qui emploie 3 000 personnes, a redémarré le 8 avril, après une mise à l’arrêt de deux semaines et l’annonce du licenciement de quelque 400 intérimaires. Un sous-traitant a annoncé le licenciement de 70 personnes. Un scénario qui rappelle aux plus anciens de l’entreprise l’épisode de 2006, quand Volkswagen avait annoncé la fin de la production à Forest de la Golf, transférée sur deux sites allemands. Trois mille deux cents postes allaient être sacrifiés, mais l’usine redémarra en 2007 sous la bannière d’Audi, qui lui confia la production de son A1.

En 2018, la fabrication de ce modèle à succès a été déplacée en Espagne, mais une offre du gouvernement belge a abouti à ce que Forest se voie confier la production d’un véhicule électrique. Ce serait finalement le Q8 e-Tron, un SUV haut de gamme.

Mexique et Chine

Chère (son prix oscille entre 85 000 et 125 000 euros), rencontrant moins de succès en Europe qu’en Chine et aux Etats-Unis et appelée à être renouvelée en 2026, cette voiture de luxe sera fabriquée à l’avenir au Mexique, et sans doute aussi en Chine. Perdant du coup le seul modèle qu’elle produit, l’usine belge est menacée, au mieux d’une restructuration, au pire d’une fermeture, ce qui laisserait Volvo comme seule marque assemblant encore dans le royaume : son usine de Gand, avec ses 6 500 travailleurs, s’est vu confier la production du nouveau petit SUV EX30, même si Volvo a implanté récemment une nouvelle unité en Slovaquie.

Preuve de l’importance du dossier Audi-Forest pour les pouvoirs publics : le premier ministre, Alexander De Croo, s’en est emparé personnellement et a réuni, vendredi 12 avril, la direction de l’usine, un responsable allemand de la stratégie de la marque, ainsi que des membres de son gouvernement et des régions bruxelloise, flamande et wallonne. Les syndicats n’avaient pas été conviés, la direction allemande d’Audi ayant apparemment exigé des participants qu’ils signent une clause de confidentialité.

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En constituant sa « task force », M. De Croo espère assurer un avenir à l’usine et, peut-être, faire en sorte qu’elle se voie confier un nouveau modèle, soit d’Audi, soit d’une autre marque du groupe (VW, Seat, Cupra, Skoda, Porsche, etc.). En 2023, l’usine bruxelloise avait espéré produire en partie l’Audi Q4 e-Tron, mais la direction allemande avait mis fin à cet espoir : la vente d’autres modèles électriques du groupe restait stagnante, ce qui permettait à l’usine allemande de Zwickau, en Saxe, d’assurer seule cette fabrication.

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