lundi, juillet 1

Durant cette campagne éclair des législatives, des anonymes, comme des personnalités publiques, rapportent avoir été l’objet d’injures racistes.
La victoire du Rassemblement national aux européennes a-t-elle libéré cette parole ?
Regardez ces témoignages recueillis par le JT de TF1.

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Élections législatives 2024

À la question, la parole raciste se libère-t-elle ? Pierre répond sans hésiter oui. Il le subit désormais sur son lieu de travail, un magasin, la semaine dernière notamment. « Le client n’a pas trop aimé la façon dont j’étais en train de le servir, mais j’ai bien servi. Il m’a dit : ‘On sait pas trop ce que vous faites ici. De toute façon, tout ça, ça va changer bientôt’. Et il l’exprime devant les autres clients, devant les enfants. Et ça, c’est choquant », se désole-t-il dans le reportage de TF1 ci-dessus. 

Les récits d’injures et d’actes xénophobes se multiplient sur les réseaux sociaux et dans les journaux. Boulangeries taguées du mot « nègre » et incendiée à Avignon, chauffeur de bus insulté puis percuté en voiture dans le Val-de-Marne, chants racistes dans les rues d’Albi… Les exemples choquants ne manquent pas. 

« Au revoir, mon esclave ! »

Même dans la classe politique. Eric Zemmour a par exemple choqué mercredi 26 juin en relayant une chanson aux paroles racistes : « Maintenant, tu peux te casser, bon débarras et ne revient pas ! » De son côté, Roger Chudeau, député Rassemblement national du Loir-et-Cher, a estimé que l’ex-ministre Najat Vallaud-Belkacem, née au Maroc, posait « un problème de double loyauté »(…) « Je pense que c’était une erreur (…) Les postes ministériels doivent être détenus par des franco-français, point final », a-t-il lancé. Des propos dénoncés par Marine Le Pen qui souhaite rassurer. « Je n’ai pas le sentiment, je n’ai pas de démonstration d’une libération de la parole raciste, mais si c’est le cas, croyez bien que nous les condamnons de la manière la plus formelle qui soit », a-t-elle souligné devant la presse.

Certaines professions sont particulièrement exposées aux remarques racistes de plus en plus fréquentes. Brigitte parle au nom de ses collègues : 60 aides à domicile, dont la moitié d’origine étrangère. Récemment, l’une d’entre elles a été insultée parce que noire. « Le monsieur l’a traité d’esclave. Il lui avait demandé après son ménage de nettoyer le chien, d’enlever les poils du chien. La dame dit qu’elle ne peut pas faire ça, que c’est pas son métier, c’est pas ce qu’elle est venue faire. Et lorsqu’elle dit au monsieur : ‘Je m’en vais’. Il dit : ‘Au revoir mon esclave !’. Et ça, je trouve que c’est vraiment injuste », dénonce-t-elle. Sa responsable, Marie-Noël Thebault, a, elle, reçu un coup de fil d’un client cette semaine avec une demande sans ambiguïté. « Je ne veux pas de personnes de couleur ou je ne veux pas de Noirs ».

Pour Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop, ces propos décomplexés sont le reflet d’une société devenue plus violente. « Comme si un certain nombre de tabous, de mécanismes de canalisation de la frustration, tout ça se fissure, se craquelle et fonctionne moins bien. Il y a des périodes d’accélération dans l’histoire. Et donc là, le moment politique très compliqué que nous vivons manifestement fait craquer un peu les digues », explique-t-il. Rappelons que l’injure raciste n’est pas une opinion, c’est un délit puni par la loi.


Virginie FAUROUX Reportage TF1 : Quentin Fichet, Nathalie Pellerin et Nicolas Hesse

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