samedi, octobre 12

Plus de 2800 vols de pièces détachées ont été enregistrés à Marseille.
Cette ville est la plus touchée par le désossage de voitures en France.
Le 20H de TF1 s’est rendu sur place pour comprendre les rouages de ce trafic.

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LE WE 20H

Il y a trois semaines, dans le parking de sa résidence, Julien Muracciole fait une étrange découverte en ouvrant la porte de son box. « Et là, j’ai eu la surprise de la voir vandalisée. Sans le pare-chocs avant, sans les phares. Sur le côté, il y a toutes les vis de la voiture« , raconte-t-il dans le reportage du 20H disponible en tête de cet article.  

Son véhicule est grossièrement démonté, des pièces volées , mais les malfrats ne s’arrêtent pas là. La même nuit, ils s’attaquent au moteur de la voiture de sa voisine. « Ils ont pris le radiateur, le capot, il manque les ailes, le pare-chocs avant« , explique Margaux Penin au micro de TF1, traumatisée à l’idée que quelqu’un ait pu pénétrer dans le bâtiment. « Je me sentais en sécurité parce qu’on est dans une résidence relativement récente, avec un portail, un garage souterrain, etc. Et là, c’est vrai que ça fait drôle, on dirait qu’on est rentré par effraction chez nous« , poursuit la jeune femme. Au total, son préjudice se situe entre 8 et 10.000 euros.  

Le phénomène est loin d’être un cas isolé. Dans un quartier voisin, les images de vidéosurveillance montrent le même mode opératoire : deux hommes, après avoir désossé un véhicule , s’enfuient, pare-chocs et pneus à la main. L’année dernière, plus de 2800 vols de pièces détachées ont été enregistrés à Marseille, la ville française la plus touchée par le désossage de voitures.  

Un trafic particulièrement lucratif

Les pièces volées sont ensuite vendues sur le marché noir , parfois même en pleine rue. Un journaliste de TF1, en caméra discrète dans le reportage, prétexte vouloir remplacer la caméra de recul de sa voiture. « On a volé les caméras de recul de ma femme. On voulait savoir si tu pouvais nous les réparer, si tu avais des pièces« , demande-t-il. Si la caméra de recul n’est disponible qu’après plusieurs semaines d’attente chez son fabricant, le mécanicien, lui, est bien plus rapide : « La pièce, je l’ai. Si vous passez vers 17 h, si je vois qu’ils n’ont pas arraché les fils, je vais prendre une caméra, je vais vite la brancher, c’est rapide. Il y en a pour 10 minutes. Je vous prends 150 euros ». Soit trois fois moins cher que chez un professionnel. 

Le trafic est particulièrement lucratif alors à Vitrolles, à une vingtaine de kilomètres de Marseille, une brigade de policiers spécialisés a été créée : le « GTA », comprenez « Groupe de lutte contre le Trafic Automobile ». Dans leur viseur aujourd’hui, un atelier de carrosserie, sous surveillance depuis des mois. Calandres, pots catalytiques ou encore démarreurs, des centaines de pièces s’entassent dans chaque recoin du hangar. Toutes sont passées au peigne fin. « Là, je passe la plaque d’immatriculation au fichier pour voir si elle a commis des infractions, si le véhicule est signalé volé. Ça nous donne un peu son pedigree », explique Michaël Maietta, chef de la brigade GTA.  

Jusqu’à 5 ans de prison et 375 000 euros d’amende

Juste à côté, ces policiers interrogent le gérant de 32 ans qui reconnaît du travail dissimulé pour un employé. Mais ce n’est pas la seule découverte que vont faire les enquêteurs. Dans les combles et sous une épaisse couche de poussière, des portières et d’autres pièces détachées proviennent de trois véhicules différents et remontent comme signalées volées . « On bascule en cadre judiciaire. On a découvert des éléments qui nous font basculer en flagrance », avertit Fabien Nicoletti, brigadier-chef et coordinateur de la brigade GTA, qui demande à l’équipe de TF1 de quitter les lieux. Le patron du garage, placé en garde à vue, risque jusqu’à 5 ans de prison et 375.000 euros d’amende. 

Selon le commissaire divisionnaire de Vitrolles, Christophe Haget, ce patron pourrait faire partie d’un réseau plus large de revente de pièces détachées. « Certains garagistes ont des équipes qui travaillent pour eux. En disant, “j’ai besoin d’un capot de 5008 et j’ai besoin d’une devanture 5008″. Bizarrement, une semaine après, vous avez un 5008 qui est flamand neuf. Si on ne contrôle pas les garages pour savoir s’il y a bien une facturation qui correspond aux pièces qui ont été changées sur votre voiture, on ne saura jamais que c’est volé« , explique le commissaire.   


La rédaction de TF1info Reportage E. Binet, M. Jit, É. Bonnot

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