vendredi, décembre 19

« Les emmerdes, ça vole en escadrille », disait Jacques Chirac en expert. Laurence des Cars peut confirmer. La présidente du Louvre enchaîne les ennuis avec une régularité de métronome depuis que des bijoux ont été cambriolés, il y a deux mois, au point que le sort des diadèmes ou colliers semble s’estomper quand le sien est débattu.

Récapitulons son chemin de croix depuis le vol. La fermeture d’une galerie en raison de poutres fragiles. Une fuite d’eau endommageant des centaines de documents. La découverte d’un vieil audit du joaillier Van Cleef & Arpels disant que la fenêtre par laquelle s’introduiront les cambrioleurs est un maillon faible. D’autres audits alarmistes sur la sécurité passés à la trappe. Pas moins de trois auditions de Mme des Cars par des parlementaires. Deux rapports au vitriol. Une grève du personnel. La nomination, toute fraîche, de Philippe Jost, un polytechnicien au profil de soldat, qui a piloté la restauration de Notre-Dame, pour réorganiser « en profondeur » le Louvre – entendez, personne n’est capable de le faire en interne.

Quand Mme des Cars, en poste depuis 2021, a proposé sa démission, quelques heures après le vol du 19 octobre – pas le meilleur moment pour qu’elle soit acceptée –, l’Etat a fait bloc derrière elle. Mais, aujourd’hui, la confiance s’effrite à l’endroit de l’ancien palais des rois, en raison de l’attitude des dirigeants, anciens et actuels, du Louvre. Une dizaine de cadres ont été auditionnés et pas un n’avoue une part de responsabilité. Le 22 octobre, devant les sénateurs, la présidente du musée reconnaît par exemple un « terrible échec ». Le 7 novembre, elle lance : « Je n’ai pas le sentiment d’avoir échoué. » On salue le glissement sémantique.

Double posture

Mme des Cars se dit responsable mais pas coupable, jurant que les audits inquiétants sur la sécurité du Louvre ne lui ont pas été transmis par son prédécesseur et qu’elle avait alerté le ministère de la culture sur la vétusté du bâtiment. C’est peu de dire que la double posture ne passe pas : d’un côté, « je n’ai rien vu car on ne m’a rien dit » ; de l’autre, endosser l’habit de lanceuse d’alerte.

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