samedi, décembre 27

  • Selon les derniers chiffres, il y aurait 600.000 logements indignes en France.
  • Des marchands de sommeil les louent à ceux qui n’ont pas d’autre choix.
  • En Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre du pays, les élus et la police tentent d’endiguer ce phénomène, comme le montre ce reportage du 20H de TF1.

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Le 20H

Démanteler l’un des plus gros réseaux de marchands de sommeil. C’est l’objectif d’une grande opération contre l’habitat indigne lancée début février lors de laquelle policiers, gendarmes et professionnels de santé ont visité une centaine d’appartements en Ile-de-France. Parmi ces derniers figuraient celui dans lequel vit une famille franco-algérienne en Seine-Saint-Denis. Après plusieurs mois en hébergement d’urgence, le couple et leurs trois enfants n’ont trouvé que ce deux-pièces de 18 m². Le loyer, de 750 euros, est à verser en espèces. « On a essayé partout. On n’a trouvé aucune solution. C’est le seul propriétaire qui nous a acceptés », lance dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article la mère de famille désespérée.  « Il y a des insectes et des souris. Et là-bas, il y a des rats », déplore-t-elle.

Dans le cadre de l’opération lancée en début d’année, six individus ont été placés en garde à vue, puis libérés le temps des investigations. Ils seraient à la tête d’une galaxie d’entreprises, un réseau organisé pour échapper aux autorités. « À la base, il y a le recoupement d’un certain nombre d’informations qui font apparaître qu’on a probablement, sur une vingtaine d’adresses, le même bailleur, le même propriétaire qui met ses biens en location. Et en recoupant ces informations, en lien avec l’autorité judiciaire, bien évidemment, on peut avoir une action coordonnée », explique face à notre caméra Julien Charles, le préfet de Seine-Saint-Denis.

Un réseau organisé pour échapper aux autorités

Plus en détails, une société écran a été créée pour chaque achat immobilier. Des maisons de deux ou trois étages redécoupées en une dizaine de logements. Un procédé appliqué à un pavillon de Saint-Denis que montre notre reportage. « C’est interdit à l’habitation et ce n’est pas possible de mettre en location des logements aussi petits ou exigus et qui n’ont pas de fenêtres, parfois totalement en sous-sol. Ça, c’est complètement interdit », explique Yacine AAbouche, directeur de l’Habitat durable à Saint-Denis.

Pour poursuivre les marchands de sommeil, les communes sont en première ligne. Après un signalement des locataires, Hugo Varin, ingénieur spécialisé dans la lutte contre l’habitat indigne pour la ville de Saint-Denis, vient ce jour-là inspecter une maisonnette de 30 m², louée 1000 euros par mois. 

À l’intérieur, tout est problématique, de l’isolation à la hauteur de certains plafonds, en passant par l’électricité. « L’humidité est saturée, il n’y a même pas de valeur sur les millimètres parce qu’il y a trop d’eau dans le mur », souligne Hugo Varin, avant de poursuivre avec les plafonds : « 1,81 m, ce qui est beaucoup plus petit que 2,20 m, la hauteur réglementaire ». Quid de l’électricité  ? « Ils sont sous tension, il y a un risque d’électrisation, voire d’électrocution. » 

En France, 1 million de personnes vivent dans un habitat insalubre, des familles sur liste d’attente pour un logement social. « Simplement parce que les personnes n’ont pas trouvé à aller dans du parc privé classique, parce qu’elles avaient peu de moyens, elles n’avaient pas la caution qui allait bien, elles n’avaient pas le garant. Parfois, elles n’avaient pas le papier qu’il fallait. Donc elles vont tomber dans les mains de marchands de sommeil ou en tout cas de bailleurs qui sont peu regardants par rapport aux conditions d’habitat qu’ils peuvent offrir », résume Eric Constantin, directeur de la Fondation pour le logement des défavorisés. Insalubrité, loyers excessifs, divisions de pavillons… Les marchands de sommeil encourent jusqu’à 7 ans de prison et 200.000 euros d’amende.

La rédaction de TF1info | Reportage : Chloé BARBAUX, Corinne CHEVRETON et Paul BOUFFARD

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