Ce sont des canulars téléphoniques malveillants, suivant une technique appelée « swatting ».
Ils visent à faire intervenir les forces de l’ordre au domicile d’une personne sous prétexte d’une urgence imaginaire.
De plus en plus courants en France, ces incidents traumatisent souvent ceux qui en sont les victimes.
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LE WE 20H
Des forces de l’ordre qui surgissent à votre porte et vous réveillent en pleine nuit. Anne-Lise Le Breton a vécu une scène de ce genre, en juin dernier. Il est 21 heures ce soir-là, elle se trouve sur sa terrasse, quand tout à coup, elle entend des éclats de voix. « Je me lève, je pose mon portable et là, je me retrouve face à une scène digne d’un film, c’est un peu la sidération. Il y a mon mari les bras en l’air avec des policiers autour de lui », raconte-t-elle. « Ils sont arrivés d’un coup, avec un bouclier, armés. Jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’il n’y avait pas de sujet puisqu’il ne s’était rien passé, j’étais en vie ».
« Est-ce que la personne se rend compte du traumatisme ? »
La famille est victime d’un canular, un appel anonyme aux forces de l’ordre. Au bout du fil, une voix d’enfant affirme que son père tente de tuer sa mère. « Est-ce que la personne qui a passé le coup de fil se rend compte du traumatisme ? Est-ce qu’elle se rend compte que j’avais peur de rester chez moi le lendemain ? », se demande-t-elle. Présente ce soir-là, la fille d’Anne-Lise, Alizé, âgée de douze ans, a dû répondre à l’interrogatoire des policiers. Ils pensent alors qu’elle est à l’origine de l’appel. « Quand j’ai compris ce qui se passait, j’avais un peu peur. Ça peut arriver à tout le monde, ce n’était pas que dans les films », confie la jeune fille.
Ce type de canular, né aux États-Unis, est particulièrement populaire chez les amateurs de jeux vidéo en ligne. L’objectif est de faire le buzz, en filmant l’intervention en direct sur les réseaux sociaux. Cela porte même un nom, le swatting, dérivé de l’acronyme SWAT, l’équivalent américain du GIGN. « L’objectif de ces canulars, c’est de mobiliser un nombre important de forces, idéalement des forces d’intervention, et pour cela les individus vont dénoncer des faits très graves qui vont engendrer un déploiement de moyens très important », explique Colonel Marie-Laure Pezant, porte-parole de la Gendarmerie nationale.
Une quarantaine de procédures chaque année
Ces mauvaises blagues se multiplient également en France. En février dernier, trente policiers ont investi un pavillon à minuit, ou encore un village de 1300 habitants : « On était confinés parce qu’il y avait, soi-disant, quelqu’un qui se baladait avec une arme blanche. Il y a eu trois voitures de gendarmerie, deux camions de pompiers, une voiture de SAMU, mobilisés, tout ça pour rien », raconte Céline, une habitante de Saint-Vivien en Charente-Maritime.
Selon la gendarmerie, une quarantaine de procédures sont ouvertes chaque année. En 2023, un jeune homme a été condamné à deux ans de prison, la peine maximale encourue pour ce type d’affaires.