dimanche, mars 16

Edith Heard cumule les honneurs et les postes prestigieux. Professeure au Collège de France, médaille d’or du Centre national de la recherche scientifique en 2024, elle dirige depuis sept ans le Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL), à Heidelberg, en Allemagne, qui compte 1 800 employés. A 60 ans, elle s’apprête à prendre les rênes de l’Institut Francis-Crick, à Londres, la ville où elle a grandi, ballottée entre deux mondes et deux cultures.

Je ne serais pas arrivée là si…

… Si, en première année de fac, à côté de mes matières principales, les maths, la physique et la chimie, je n’avais pas choisi la biologie. Je n’en avais jamais fait au lycée, j’étais totalement ignorante. Ça ne me manquait pas puisque je voulais devenir physicienne. Mais, alors que partout ailleurs en Angleterre, on retenait une matière, à Cambridge on nous en demandait quatre. J’aurais pu choisir l’histoire et la philosophie des sciences. J’aimais l’histoire, mais la philosophie, je n’y connaissais rien. Et cette option était un peu méprisée. Donc j’ai opté pour la biologie.

Le coup de foudre a-t-il été immédiat ?

Je me souviens du premier cours. On nous a passé un livre, Biology of the Cell [« la biologie de la cellule »], je l’ai ouvert à différents endroits et j’ai découvert des choses que je n’avais jamais vues : l’intérieur de la cellule, l’organisation du cytoplasme, le noyau. J’étais émerveillée, vraiment émerveillée. Un vrai moment « eurêka ». Je suis tombée dans un incroyable bouillon de culture. C’était presque infectieux. On était en pleine révolution de la biologie moléculaire, le début du séquençage du génome, les premiers travaux sur les cellules souches… J’avais des professeurs formidablement inspirants. Une énergie intense émanait de tous ces gens. L’année suivante, j’ai décidé de faire de la biologie mon sujet principal. Ma vie a changé de direction.

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