lundi, juillet 1

Dans l’intelligence artificielle (IA), les grandes entreprises du numérique ont « un avantage immense » : c’est l’alerte lancée par l’Autorité de la concurrence dans un avis rendu vendredi 28 juin. L’autorité présidée par Benoît Cœuré s’est autosaisie, en février, pour examiner ce secteur qui « a pris une place centrale dans le débat public et économique » depuis le lancement, fin 2022, d’assistants comme ChatGPT, capables de générer des textes et des images. Elle formule des propositions pour tenter d’éviter la domination de l’IA par les géants comme Google, Microsoft et son partenaire OpenAI, Apple, Amazon ou Meta.

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Les poids lourds de la « tech » sont avantagés, car ils ont accès aux éléments-clés pour développer l’IA, qui sont autant de « barrières à l’entrée » pour leurs concurrents, note l’autorité : les processeurs spécialisés pour l’IA comme les coûteuses puces du leader Nvidia, les services de calcul informatique en ligne dans le cloud pour entraîner les modèles d’IA en amont et pour les distribuer aux entreprises en aval, de larges volumes de données via des services propres comme YouTube (Google), des « compétences rares et très recherchées » et un financement important.

« Cet avantage est renforcé par leur intégration sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’IA ainsi que sur des marchés liés », ce qui leur garantit « des économies d’échelle », mais aussi « l’accès à une masse critique d’utilisateurs », précise l’avis. Ainsi, Google intègre ses services d’IA sur son moteur de recherche, Microsoft sur sa suite bureautique Office, Apple sur ses iPhone, Meta sur ses réseaux sociaux Facebook et Instagram…

Appel à la « vigilance »

Pour prévenir cette domination, l’autorité recommande d’étudier l’intégration de l’IA dans le champ du règlement européen sur les marchés numériques Digital Markets Act. Seraient visés les « services permettant l’accès pour les entreprises aux modèles d’IA générative dans le cloud », c’est-à-dire l’activité de distribution, par les géants du cloud Amazon, Microsoft ou Google, de leurs propres modèles d’IA, ou de ceux développés par des tiers (comme OpenAI, le propriétaire de ChatGPT, Anthropic ou le français Mistral). Ainsi, Microsoft a un accord exclusif avec OpenAI et Google est le seul à diffuser ses propres modèles. Le Digital Markets Act pourrait forcer distributeurs et fabricants d’IA à s’ouvrir à la concurrence. Une idée déjà évoquée par la députée européenne (Renew) Stéphanie Yon-Courtin et par Bercy.

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Selon l’avis, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes devrait aussi accorder « une attention particulière » aux avoirs accordés gratuitement par les géants du cloud aux start-up de l’IA et susceptibles de les enfermer dans leur écosystème.

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