L’administration américaine chercherait à conclure un accord d’ici au 20 avril, soit dans un peu moins d’un mois, selon l’agence de presse Bloomberg.
Mais la Maison Blanche est bien consciente que la tâche est loin d’être aisée, face aux exigences bien différentes entre Kiev et Moscou.
Tandis que des pourparlers américano-russes s’ouvrent ce lundi en Arabie Saoudite, le Kremlin semble vouloir étirer les discussions dans le temps.
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Guerre en Ukraine : une trêve en négociation
Il avait promis de mettre fin à la guerre « en 24 heures » en Ukraine pendant la campagne présidentielle, il a été rattrapé par la réalité, une fois à la Maison Blanche. Depuis sa prise de fonctions il y a deux mois, Donald Trump a bien dû reconnaître que la résolution du conflit prendrait bien plus de temps qu’il ne l’espérait. Mais le dirigeant américain continue de vouloir parvenir à un cessez-le-feu au plus vite, tandis que s’ouvrent ce lundi 24 mars des pourparlers américano-russes en Arabie Saoudite (nouvelle fenêtre). Il viserait même un accord pour le 20 avril, le jour de Pâques, selon Bloomberg.
« Nous travaillons à un cessez-le-feu et à une paix durable », et « nous ne tolérerons pas que les termes des discussions ni le calendrier soient dévoilés dans les médias », a lancé ces derniers jours le porte-parole de la Maison Blanche, Brian Hughes. L’agence de presse américaine (nouvelle fenêtre) a malgré tout appris de sources anonymes proches du dossier que l’administration américaine avait cette date du 20 avril en ligne de mire, sans expliquer le choix de cette échéance précise. Mais la Maison Blanche reconnaît que le délai pourrait bien être allongé, en raison des divergences importantes entre Kiev et Moscou, d’après ces mêmes sources.
Washington optimiste, Moscou bien plus réticent
La Russie a en effet conditionné tout accord à des exigences très lourdes, notamment l’arrêt de livraisons d’armes à l’Ukraine (nouvelle fenêtre), ce que le gouvernement ukrainien et ses alliés refusent. Jusqu’à présent, Washington n’a accepté aucune limite particulière, selon ces sources. Il avait brièvement suspendu l’aide à Kiev au début du mois, pour faire pression sur les autorités ukrainiennes, qui ont finalement accepté une proposition américaine de cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie le 11 mars dernier.
Quelques jours plus tard, lors d’un entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et Donald Trump le 18 mars (nouvelle fenêtre), un moratoire d’un mois sur les attaques contre les installations énergétiques, sans parvenir à esquisser un cessez-le-feu plus général. Washington place de nouveaux espoirs dans les négociations qui s’ouvrent ce lundi en Arabie Saoudite (nouvelle fenêtre).
L’émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, a dit s’attendre à de « vrais progrès », « particulièrement en ce qui concerne un cessez-le-feu en mer Noire sur les navires entre les deux pays ». « Et, à partir de cela, on se dirigera naturellement vers un cessez-le-feu total », a-t-il avancé. Donald Trump lui-même a évoqué la perspective prochaine d’un « cessez-le-feu plein et entier » (nouvelle fenêtre).
Guerre en Ukraine : un cessez-le-feu est-il possible ? LCI vous répondSource : Le Temps de l’Info
17:22
Du côté de Moscou en revanche, le ton est bien moins optimiste : les pourparlers seront « difficiles », a d’ores et déjà prévenu le porte-parole du Kremlin, estimant que « nous n’en sommes qu’au début » des tractations. Il a aussi souligné que « le principal » sujet de discussion avec les Américains serait « la reprise » de l’application de l’accord céréalier en mer Noire, mais sans évoquer une quelconque suspension des combats.
Symbole de cette tiédeur, la délégation russe est emmenée uniquement par un sénateur et ex-diplomate de carrière, Grigori Karassine et un cadre du FSB, les services de sécurité, de Sergueï Besseda. Des profils de rang bien moindre par rapport à la délégation ukrainienne, qui a échangé avec les Américains (nouvelle fenêtre) dimanche en Arabie Saoudite également, et dirigée par le ministre de la Défense Roustem Oumerov.
Pas de sommet Trump-Poutine avant qu’un accord ne soit trouvé
Selon plusieurs observateurs, Vladimir Poutine semble bien jouer la montre pour arracher davantage de concessions des États-Unis, tandis qu’il poursuit ses frappes meurtrières en Ukraine ces derniers jours. Il semble aussi chercher à expulser totalement les troupes ukrainiennes qui avaient gagné du terrain dans la région russe frontalière de Koursk (nouvelle fenêtre) avant tout accord, dans l’espoir de retirer cette carte précieuse dans la main de Kiev à la table des négociations.
Signe de cette volonté de ralentir les échanges, le Kremlin refuse tout sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump avant qu’un accord global de paix ne soit conclu, soit pas avant la mi-avril a priori, selon Bloomberg. Mais d’après les sources citées par l’agence, la Maison Blanche n’est pas prête non plus à envisager un tel sommet avant qu’un cessez-le-feu durable ne soit mis en place.
Donald Trump serait bien conscient que tout accord trouvé doit être acceptable pour Kiev également, et ne serait donc pas prêt à offrir trop de concessions à Moscou, toujours selon le média américain. Ce qui n’empêche pas les responsables européens, heurtés par le net rapprochement entre la Maison Blanche et le Kremlin le mois dernier, de rester sceptiques face à la volonté affichée de Washington d’accroître la pression sur la Russie, si celle-ci refuse un accord.