mardi, octobre 1

L’Ukraine a reçu en août les premiers F-16 pour remplacer sa flotte d’avions de combat d’origine soviétique.
Un atout majeur, que les forces armées russes auraient déjà anéanti à en croire plusieurs publications.
Pour tenter de le prouver, des acteurs pro-russes diffusent des images manipulées.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

Le Kremlin l’avait promis dès leur arrivée sur le sol ukrainien : tous les F-16 envoyés par l’Occident aux forces armées de Kiev « seront abattus ». Deux mois plus tard, des acteurs pro-russes souhaitent prouver coûte que coûte que ces avions de combat multirôles ne sont plus en état de protéger le ciel ukrainien.

Deux photos modifiées et aucune preuve

À commencer par l’ambassade de Russie en Afrique du Sud. Régulièrement épinglée pour avoir diffusé de fausses informations, dont certaines particulièrement grossières (nouvelle fenêtre), elle a partagé ce vendredi 27 septembre la photo d’un F-16 écrasé. Sur la dérive de l’engin, on identifie distinctement le blason de l’Ukraine. « Quand vous demandez aux pilotes ukrainiens où se trouvent leurs F-16 », ironise l’ambassade en légende de ce cliché (nouvelle fenêtre)vu plus de 900.000 fois. Sauf qu’une recherche d’image inversée démontre non seulement que la photo en question n’est pas récente, mais aussi qu’elle n’a rien à voir avec l’Ukraine. Elle remonte en réalité à jeudi 16 mai, (nouvelle fenêtre) lorsqu’un avion de chasse s’est écrasé dans un entrepôt situé à proximité d’une base aérienne américaine en Californie. Le monogramme bleu et jaune de l’Ukraine a été ajouté à posteriori.

En haut, la photo manipulée publiée par l’ambassade de Russie en Afrique du Sud. En bas, le crash d’un F16 en Californie le 16 mai 2019 – Les Vérificateurs

Une manipulation similaire à celle apparue simultanément dans des sphères pro-russes. Sur Telegram, VK ou X, des internautes affirment (nouvelle fenêtre) dès le 26 septembre qu’un formateur américain envoyé en Ukraine aurait été victime d’une frappe russe sur un aérodrome militaire à Starokonstantinov. Une rumeur apparue dans un canal pro-russe (nouvelle fenêtre)baptisé « New military columnist ». Pour seule preuve, ce compte partage la capture d’écran d’un post écrit sur Facebook par une certaine « Melanie Malwin-Parker ». Se présentant comme l’épouse de Steven, le militaire américain décédé, elle s’insurge contre « le programme pour les instructeurs étrangers » (nouvelle fenêtre)qui aurait provoqué la mort de son conjoint. 

Sauf qu’on ne retrouve aucune mention de cette femme, ni d’un soldat nommé Steven Parker dans la presse internationale. Les seules occurrences renvoient à la même source russe. Idem sur Facebook, où une recherche avancée prouve que la publication n’existe pas. Impossible également de remettre la main sur le compte de cette « Melanie Malwin-Parker ». Et pour cause, une analyse réalisée sur Forensically (nouvelle fenêtre), un outil de détection de manipulations des images et d’analyse du niveau d’erreur, confirme très clairement que le texte de la publication et le pseudo de l’utilisateur ont été ajoutés à l’image originale.

Les canaux pro-russes ont donc manipulé des images pour alimenter leur narratif d’une perte massive d’avions de combat dans les rangs des forces armées ukrainiennes. À la même date, plusieurs propagandistes proches du Kremlin, dont Anatolii Sharii, ont assuré qu’une « frappe inattendue de missiles » avait permis de mettre hors d’état de nuire quatre chasseurs F-16. Des informations « présentées sans aucune preuve ni fait concret », comme l’avait dénoncé le centre de lutte contre la désinformation du gouvernement ukrainien. À l’heure actuelle, Moscou n’est toujours pas parvenue à prouver l’existence de tels dégâts. Seul un F-16 fourni à l’Ukraine par l’Occident a été perdu le 26 août dernier. Le crash avait provoqué un tel tollé au sein du pouvoir ukrainien qu’il avait entrainé le limogeage du commandant de l’armée de l’air dans le pays.

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Felicia SIDERIS

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