En Ukraine, la nuit du 2 au 3 août 2022 a été marquée par de nouvelles frappes russes tandis que la communauté internationale s’inquiète pour la centrale de Zaporijjia mais se réjouit de l’arrivée d’un navire rempli de céréales dans les eaux turques. On vous résume ce qu’il faut retenir de ces dernières heures.
Le premier navire chargé de céréales parti d’Odessa arrivé en Turquie
Le premier chargement de céréales exporté par l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février est arrivé mardi 2 août 2022 au large des côtes turques, sur la mer Noire, en application de l’accord signé en juillet entre Kiev et Moscou afin d’enrayer la crise alimentaire mondiale.
Le Razoni, un cargo battant pavillon de la Sierra Leone, qui a quitté le port ukrainien d’Odessa lundi peu après 9 h (8 h heure de Paris) avec 26 000 tonnes de maïs à destination de Tripoli au Liban, s’est présenté peu avant 19 h (18 h heure de Paris mardi en vue des rives nord d’Istanbul, a constaté l’AFP.
Le navire a été contraint de passer la nuit ancré au large et sera inspecté ce mercredi 3 août au matin par une équipe internationale à l’entrée du Bosphore, conformément au souhait de la Russie qui veut s’assurer de la nature de la cargaison, a précisé le ministère turc de la Défense.
Des céréales sont déjà parties d’Ukraine depuis le déclenchement de l’offensive russe, mais de Berdiansk (sud-est), sur la mer d’Azov, une zone occupée par les Russes.
« Notre but désormais est la régularité. […] La continuité, la régularité est un principe nécessaire pour les consommateurs de notre production agricole », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne mardi soir, fustigeant l’« État terroriste » russe qui « a provoqué la crise alimentaire afin d’utiliser les céréales, le maïs et le pétrole comme des armes ».
Selon le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, 16 autres bateaux chargés de céréales « attendent leur tour » pour quitter Odessa, le principal port ukrainien, situé sur la mer Noire, qui concentrait avant la guerre 60 % de l’activité portuaire du pays.
L’AIEA s’inquiète pour la centrale de Zaporijjia
La situation est « volatile » à la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud) sous contrôle des Russes depuis début mars, s’est inquiété mardi le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui poursuit ses efforts pour envoyer une mission sur place.
« La situation est vraiment volatile » a déclaré Rafael Grossi lors d’une conférence de presse au siège des Nations unies à New York où se tient une conférence des 191 États signataires du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
« Tous les principes de sûreté ont été violés d’une manière ou d’une autre. Et nous ne pouvons permettre que cela continue », a-t-il ajouté. À l’ouverture de la réunion lundi, il avait déjà souligné que la situation devenait « de plus en plus dangereuse de jour en jour ».
D’où ses efforts depuis des semaines pour envoyer une mission afin d’inspecter la centrale. Mission jusqu’à présent refusée par l’Ukraine qui considère que cela légitimerait l’occupation russe du site aux yeux de la communauté internationale, avait expliqué il y a quelques semaines l’opérateur ukrainien Energoatom.
« Aller sur place est très complexe parce que cela nécessite l’accord et la coopération d’un certain nombre d’acteurs », en particulier l’Ukraine et la Russie, et le soutien des Nations unies, s’agissant d’une zone de guerre, a noté mardi Rafael Grossi.
« J’essaie de mettre une mission sur pied aussi vite que possible », a-t-il assuré.
Frappe de missiles russes
L’armée de l’air ukrainienne a affirmé mardi soir que les forces russes avaient tiré huit missiles de croisière à partir de la mer Caspienne sur le territoire de l’Ukraine, dont l’un « a atteint un complexe de défense antiaérienne dans la région de Lviv », dans l’Ouest. Les sept autres missiles ont été interceptés, selon cette source.
« Il n’y a pas d’informations sur d’éventuelles victimes pour le moment », a écrit sur Twitter le gouverneur de la région, Maksym Kozytsky.
Dans la région voisine de Kherson, la première ville d’importance tombée aux mains de l’armée russe, le 3 mars, « la situation reste tendue », a indiqué la présidence. Mais l’Ukraine, qui mène actuellement une contre-offensive dans le Sud, a annoncé y avoir repris 53 localités.
Dans la même région, le chef de l’administration militaire de Kryviy Rih, Oleksander Vilkul, a signalé la mort de deux civils qui se trouvaient dans un minibus tentant de quitter le village de Starosillya, aux mains des Russes. Cinq autres personnes ont été évacuées, dont deux, grièvement blessées, ont été hospitalisées.
Le régiment Azov désigné « organisation terroriste » par la justice russe
La Cour suprême russe a classé mardi 2 août le régiment ukrainien Azov, célèbre pour avoir défendu Marioupol en Ukraine, comme « organisation terroriste », ce qui pourrait valoir de très lourdes poursuites à ses combattants faits prisonniers par la Russie.
Citée par l’agence de presse publique TASS, une juge de la Cour suprême a déclaré « satisfaire la demande administrative du Parquet général, reconnaître l’unité paramilitaire ukrainienne’Azov’comme organisation terroriste et interdire ses activités » en Russie. Elle a précisé que cette décision entrait immédiatement en vigueur.
L’essentiel du procès s’est déroulé à huis clos. Selon TASS, des témoins avaient été appelés à la barre et ont évoqué de supposés crimes commis par le régiment Azov en Ukraine. En vertu de la loi russe, les dirigeants d’une organisation terroriste risquent de 15 à 20 ans de prison, leurs simples membres entre cinq et dix ans.
Sur Telegram, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Mykhailo Podoliak, a réagi mardi soir en assurant que « toute décision des tribunaux russes concernant la guerre en Ukraine et sur le territoire de l’Ukraine n’est pas légitime du point de vue du droit international ».
« Dans tous les cas », a-t-il ajouté, « la Russie portera la responsabilité juridique directe des mauvais traitements infligés aux prisonniers de guerre ».
Le régiment Azov, une unité créée en 2014 par des volontaires, puis intégrée à l’armée régulière ukrainienne, s’est illustré en défendant la ville portuaire de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, conquise par la Russie après un siège de plusieurs mois.
Après des semaines de combats et de bombardements intenses, les derniers défenseurs de Marioupol, retranchés dans l’usine Azovstal, s’étaient finalement rendus en mai dernier.
Le Kremlin et les médias publics russes accusent le régiment Azov d’être un groupe néonazi ayant commis des crimes de guerre et menacent de punir très sévèrement ses membres.