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Un employé de Mecar, une entreprise belge de fabrication d’armes et de munitions, assemble des obus de 120 et 155 mm, à Petit-Roeulx-lez-Nivelles, le 24 octobre 2023.

Fermement engagée derrière l’Ukraine, la République tchèque aime se présenter comme un bastion d’agilité et de pragmatisme. Au moment où l’Union européenne peine à fournir le million de munitions de gros calibre qu’elle a promis à Kiev, Petr Pavel, le président de ce pays d’Europe centrale, a surpris en annonçant, le 17 février, depuis la conférence de Munich sur la sécurité, avoir « identifié à travers le monde (…) jusqu’à 500 000 obus de 155 mm aux normes de l’OTAN et jusqu’à 300 000 obus de 122 mm » aux normes soviétiques, prêts à être achetés et immédiatement envoyés en Ukraine.

Après cette annonce, le premier ministre tchèque, Petr Fiala, a assuré, le 26 février, avoir convaincu « une quinzaine » de pays européens de le suivre. Même la France, longtemps réticente à acheter des armes en dehors de l’Union européenne (UE), a fini par exprimer son intérêt par la voix d’Emmanuel Macron.

En déplacement à Prague, mardi 5 mars, le président français pourrait concrétiser un engagement financier qui s’ajouterait à ceux des Pays-Bas, du Danemark, du Canada et de la Belgique. Des pays qui ont déjà annoncé être prêts à donner plusieurs centaines de millions d’euros à cette plate-forme d’achat, qui vise à se fournir chez des pays qui refusent souvent de s’engager politiquement dans la guerre en Ukraine, mais restent intéressés par les opportunités commerciales du moment.

« Notre plan était là depuis des mois, mais la France a longtemps freiné au nom du “Buy European”, alors qu’on n’a pas les capacités de production nécessaire : l’Europe a promis un million de munitions et nous n’avons même pas pu en fournir la moitié », explique Pavel Fischer, président de la commission des affaires étrangères et de défense du Sénat tchèque, en se réjouissant du changement de position de l’Elysée. « Les Français comprennent beaucoup plus qu’il y a trois ou six mois », abonde Tomas Kopecny, envoyé spécial du gouvernement tchèque pour l’Ukraine, qui attribue « ce changement d’attention politique à la situation militaire actuelle », avec l’avancée des Russes sur le front.

Réseaux d’exportation

Cet ancien spécialiste de l’exportation d’armes au ministère de la défense est un des principaux acteurs de ce plan tchèque, qui a en fait démarré depuis plusieurs mois, avec les Pays-Bas et le Danemark. « Les Danois sont venus nous voir au printemps 2023 en disant qu’ils avaient des ressources financières, mais pas assez de capacité de production pour fournir ce dont l’Ukraine a le plus besoin », raconte-t-il. Or la République tchèque a, elle, « une longue histoire dans le secteur » des armes.

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