« Par rapport à un “strad”, c’est encore plus qualitatif. Comment dire ? C’est comme une série limitée », suggère, sourire gourmand, le violoniste Nicolas Dautricourt, dont la stature internationale le fait justement jouer depuis dix ans sur un incroyable stradivarius de 1713, prêté par un mécène du Bordelais, Bernard Magrez. L’homme tourne délicatement le guarnerius, cet instrument que la maison Artcurial proposait aux enchères, mardi 16 décembre, à Paris. Il le dévisage plus qu’il ne l’inspecte, puis, le glissant à l’épaule, fait glisser allegro ses doigts sur les cordes, l’archet arrachant cris, larmes et jurons à l’instrument. « On sait qu’avec les guarnerius les graves et les aigus attaquent, mais là, même les deux cordes médium sont parfaitement équilibrées, s’enthousiasme-t-il, hochant la tête d’un air conquis. Une merveille ! »
Notre histoire commence en Lombardie, au XVIe siècle. A cette époque, la petite ville de Crémone, au sud-est de Milan, a détrôné Brescia comme haut lieu de la lutherie. Dans la foulée de Niccolo Amati (1596-1684), les ateliers s’y multiplient et se concurrencent. Celui que l’on connaît le mieux, c’est Antonio Stradivari (1644-1737). Mais il n’est pas le seul dont le nom, latinisé (Stradivarius), est parvenu jusqu’à nous.
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