dimanche, octobre 27

Le procès de l’acteur de 75 ans s’ouvre ce lundi 28 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris.
Il est accusé d’agressions sexuelles par deux femmes sur le tournage du film « Les Volets Verts » en 2021.
Une procédure symbolique, au moment où le cinéma français s’empare des questions soulevées par le mouvement #MeToo.

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Gérard Depardieu, le monstre sacré du cinéma français dans la tourmente

Monstre sacré du Septième art, Gérard Depardieu est attendu au tribunal correctionnel de Paris ce lundi 28 octobre, jugé pour agressions sexuelles sur un tournage en 2021. Depuis près d’un an, l’acteur de 75 ans est au cœur d’un scandale médiatico-judiciaire qui a mis un coup d’arrêt, peut-être définitif, à son incroyable carrière à l’écran. À l’heure où le cinéma français semble enfin faire son #MeToo, dans le sillage de l’affaire Judith Godrèche , ce procès très attendu devrait faire date à plus d’un titre. Et ouvre une séquence judiciaire périlleuse pour le principal intéressé…

De quelle affaire s’agit-il ?

Plusieurs plaintes ont été déposées depuis 2020 contre Gérard Depardieu. Le procès qui s’ouvre lundi fait suite à celles de deux femmes qui l’accusent d’agressions sexuelles sur le tournage du film de Jean Becker, Les Volets Verts, qui s’est déroulé d’août à septembre 2021 à Paris et dans le Sud de la France.

Dans cette adaptation d’un roman de George Simenon, il incarne Jules Maugin, une légende du cinéma qui apprend qu’il va bientôt mourir. Sorti en octobre 2022, le film a remporté un succès modeste, avec 320.270 entrées dans les salles françaises. À l’époque, la presse souligne « l’effet miroir » entre le personnage et son interprète, qui n’a plus tourné depuis.

Que disent les plaignantes ?

Une des deux femmes est une décoratrice de cinéma qui a porté plainte en février 2024 pour agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes. Elle dénonçait des faits remontant à septembre 2021 qui se seraient déroulés dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris. Dans un témoignage à Mediapart , cette femme de 53 ans raconte que Gérard Depardieu l’aurait « attrapée avec brutalité » alors qu’elle quittait le plateau. 

L’acteur l’aurait alors « bloquée en refermant ses jambes comme un crabe« . Il lui aurait ensuite « pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’aux seins« . Il lui aurait également tenu des « propos obscènes » tels que « Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte« . Ils seront finalement séparés par les gardes du corps de l’acteur, toujours selon elle. La deuxième accusatrice est une assistante réalisatrice qui dénonce des faits similaires sur le tournage.

Que répond Depardieu ?

Par avocat interposé, Gérard Depardieu a toujours nié les faits qui lui sont reprochés, estimant que toutes les relations sexuelles qu’il a pu avoir ont toujours été consenties. La seule fois où il a pris lui-même la parole, c’est dans une lettre ouverte, publiée en octobre 2023 dans Le Figaro . Assurant n’être « ni un violeur, ni un prédateur« , il affirmait n’avoir « jamais (ô) grand jamais abusé d’une femme« . Il se posait également en victime d’un « lynchage » orchestré par « un tribunal médiatique« . 

En fera-t-il autant devant la justice ? D’après son avocat Me Jérémie Assous, l’acteur compte bien être présent à l’ouverture des débats. « Les témoins et les preuves qu’il produira, démontreront qu’il n’est que la cible d’accusations mensongères« , affirme-t-il. Car pour son client, le but des plaignantes « vient d’être révélé à travers les demandes d’indemnisation des parties civiles : s’enrichir de 6000 à 30.000 euros« .

Que risque-t-il ?

L’article 222 alinéa 27 du Code pénal stipule que « les agressions sexuelles autres que le viol sont punies de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende« . Si des circonstances aggravantes sont retenues, la peine peut être portée à sept ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende. Parmi les circonstances aggravantes figurent le fait que l’agression a été commise »par un ascendant ou par toute autre personne ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait » ou « par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions« .

Le procès de Gérard Depardieu intervient quelques jours après celui de Nicolas Bedos , jugé pour agressions sexuelles devant le même tribunal correctionnel de Paris. Le réalisateur de La Belle Époque a été condamné à six mois ferme sous bracelet électronique, une obligation de soins et une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violente. Cette décision d’une sévérité inédite dans ce genre d’affaire témoigne d’une prise de conscience de la justice et/ou de la volonté de faire un exemple avec des personnalités publiques. L’acteur a fait appel de cette décision.

Un procès qui en appelle d’autres ?

S’il devait être condamné, Gérard Depardieu n’en aurait pas fini pour autant avec la justice. L’acteur est en effet en attente d’une décision sur la tenue d’un procès dans l’affaire Charlotte Arnould , pour laquelle il a été mis en examen pour viol en 2020. Cette jeune comédienne, amie d’un proche de la star, affirme avoir été agressée par l’acteur à deux reprises à son domicile parisien durant l’été 2018. D’après le code pénal, le viol est puni de quinze à vingt années de réclusion criminelle, dans certaines circonstances aggravantes.

Toutes les autres plaintes déposées ces derniers mois en France contre Gérard Depardieu ont été classées en raison de la prescription. Parmi elles, celle de la comédienne Hélène Darras pour agression sexuelle sur le tournage de la comédie de Fabien Onteniente Disco en 2007. Ou encore celle d’une assistante lors du tournage du court-métrage de Jean-Pierre Mocky Le Magicien et le siamois en 2014. L’acteur est en revanche toujours dans l’attente d’une décision dans l’affaire Ruth Baza, une journaliste espagnole qui l’accuse de viol lors d’une interview en 1995 à Paris.


Jérôme VERMELIN

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