lundi, décembre 29
Dessin de Frosia, dans lequel Likatchov l’alerte sur la faim qui gouverne la vie au goulag, extrait du film « Frosia, une femme libre au goulag » (2024), d’Anne Georget.

ARTE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

C’est un témoignage exceptionnel. Le récit dessiné d’une longue tranche de vie passée par le goulag et l’exil. Cette vie, c’est celle d’Euphrosinia Kersnovskaïa, surnommée Frosia, jeune agricultrice de 33 ans qui possédait avec les siens une ferme en Bessarabie. Originaire d’Odessa (Ukraine), sa famille avait fui en 1919 les expropriations, devenues la règle depuis l’arrivée au pouvoir des bolcheviques deux ans plus tôt à Moscou. Après avoir rebâti une existence dans ce territoire entre l’Ukraine et la Roumanie (actuelle Moldavie), Frosia et sa mère sont à nouveau expropriées en 1940 – après l’invasion des Russes –, tous leurs bien confisqués, leurs animaux abattus. Mais au lieu de s’enfuir comme une « lâche, une coupable » après avoir mis sa mère en sécurité, la jeune femme au tempérament bien trempé se livre aux autorités soviétiques.

Commence alors un périple invraisemblable de plus de dix-sept années au cours desquelles cette âme forte connaîtra la famine, les mauvais traitements, les humiliations, la solitude, l’agonie dans une détresse absolue. Elle est d’abord envoyée « en relégation » en Sibérie, à bord de wagons débordants de déportés, et arrive dans un chantier d’abattage de bois. A plus de 5 000 kilomètres de la mer Noire de son enfance. Elle s’en évade, traverse la taïga durant de longs mois avant d’être dénoncée puis arrêtée. Condamnée à mort, elle finit dans l’enfer d’une mine de charbon après avoir vu commuée sa peine en dix ans de travaux forcés.

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