
Frank Gehry, l’un des plus célèbres architectes du monde contemporain, est mort le vendredi 5 décembre, à l’âge de 96 ans, a annoncé sa directrice de cabinet auprès du New York Times. Il suit de quelques années sa consœur Zaha Hadid, disparue en 2016, avec qui il partageait l’honneur périlleux d’avoir « libéré » l’architecture de contingences qu’on pensait à peu près immuables : la pesanteur, les canons classiques de la beauté (grosso modo l’angle droit et le cercle, mais aussi la lumière directe), quelquefois même l’utilité, qui pouvait évoluer dans le temps. En somme, les trois principes que le Romain Vitruve attendait de tout édifice : la solidité (firmitas), la beauté (venustas), l’utilité (utilitas) à quoi il faut ajouter l’heureuse imitation de la nature… Gehry et Hadid, l’un et l’autre Pritzker Prize (le fameux « Nobel » de l’architecture), s’étaient en outre affranchis de toute notion de prix raisonnable. Ils étaient donc adulés avec ferveur, ou passionnément détestés.
Parmi les premiers admirateurs de Gehry, quelques voyageurs, étudiants ou jeunes architectes, venus surtout d’Europe sur la Côte ouest des Etats-Unis pour parer leur chevelure d’orchidées ou de bandanas, découvrir de nouveaux champignons et la fumée du cannabis. L’un d’eux, Olivier Boissière, jeune écrivain français, en rapporta plusieurs ouvrages dont le premier fit découvrir Gehry, en même temps que Stanley Tigerman et James Wines, deux précurseurs de la fantaisie constructive.
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