lundi, janvier 13

Ils en sont à plus d’un an de mobilisation et à leur quatrième premier ministre. Particulièrement remontés en pleine campagne pour les chambres d’agriculture, les principaux syndicats agricoles sont reçus lundi 13 janvier au matin à Matignon par François Bayrou. Le premier ministre rencontrera tour à tour, à partir de 8 h 30 et pendant une heure chacun, la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs (JA), la Coordination rurale (CR) et la Confédération paysanne.

Avec ces réunions à la veille de sa déclaration de politique générale, il s’agit de « faire un point de situation sur les différents sujets bien connus et suivis de près par le premier ministre et la ministre de l’agriculture, Annie Genevard », souligne-t-on à Matignon, où l’on parle d’un « état d’esprit d’écoute et d’échange ».

François Bayrou, qui a souvent mis en avant ses racines paysannes, devrait notamment être interpellé sur la mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement Attal avant la dissolution de l’Assemblée nationale. Alors que l’année 2024 a été marquée par de forts aléas climatiques, de piètres récoltes et une flambée des maladies animales, les agriculteurs ont relancé cet automne leur mouvement de protestation, en ordre dispersé. L’alliance syndicale majoritaire, FNSEA-JA, attend particulièrement un calendrier de tenue des promesses : suites du projet de loi d’orientation agricole, aides d’urgence, mesures fiscales, de « simplification »

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« Le message est simple, selon Quentin Le Guillous, secrétaire général des JA. L’année de mobilisation a abouti à des choses négociées et validées, qui doivent être appliquées. Nous ne sommes pas à l’abri que le gouvernement change encore, donc on va lui demander d’appliquer les choses le plus rapidement possible. »

« L’absence d’annonces concrètes pourrait remettre le feu aux poudres, a prévenu le président du syndicat, Pierrick Horel, dimanche dans Les Echos. On a envie de passer un meilleur Salon de l’agriculture que celui de l’année dernière. » « Nous sommes dans une course contre la montre », a aussi estimé dans le JDD le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, redoutant l’« instabilité politique ». Il souhaite la mise en œuvre des mesures d’urgence, comme les prêts et indemnisations des épisodes sanitaires, « pas tous opérationnels » à ce jour, ainsi que la poursuite de « la simplification à un rythme soutenu ».

Même sentiment de précarité politique pour la Coordination rurale, qui compte réclamer deux mesures immédiates, selon son secrétaire général, Christian Convers : « Un engagement précis pour une égalité des normes au niveau européen, et aussi arrêter les contrôles des exploitations au profit des contrôles des produits d’importation. »

« Garder l’agriculture en France »

Ces mesures, le premier ministre peut les prendre tout de suite et « lui-même », pour « montrer sa volonté de garder l’agriculture en France », assure l’éleveur, qui se dit « dubitatif » quant aux autres réponses à attendre. La présidente du syndicat, Véronique Le Floc’h, a également réclamé dimanche une « année blanche en termes de remboursements de prêts ou de paiement des charges sociales », au micro d’Europe 1.

« Il n’est pas question de revenir sur les promesses faites en 2024 », annonce-t-on d’ores et déjà à Matignon, en évoquant notamment les mesures de simplification ou la réponse à l’urgence sanitaire et économique.

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La Confédération paysanne, pour sa part, montre la même prudence que les autres syndicats, mais pour des raisons différentes : elle est opposée aux modèles proposés par les textes de loi en attente. Parmi ses priorités, des prix rémunérateurs et un accompagnement dans la transition agroécologique. Elle demandera aussi le renforcement des aides aux agriculteurs sinistrés de Mayotte, où l’organisation détient sa seule chambre d’agriculture.

A ce sujet, « sur les élections professionnelles agricoles, on redira, car c’est encore possible, combien il est indispensable et urgent de faire évoluer le mode de scrutin » vers plus de proportionnelle, ajoute sa porte-parole, Laurence Marandola.

Le mode de scrutin actuel favorise le premier arrivé, la liste en tête obtenant déjà la moitié des sièges aux chambres. A ce jour, l’alliance entre les JA et le syndicat historique FNSEA détient 97 chambres sur 101. Mais sur le terrain, le duo voit son hégémonie contestée, notamment par la CR, depuis le mouvement de colère agricole de l’hiver dernier.

Le Monde avec AFP

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