jeudi, janvier 9

POLITIQUE – Salade grecque. François Bayrou assume son message controversé sur la mort de Jean-Marie Le Pen, publié mardi 7 janvier, quelques minutes après l’annonce du décès du fondateur du Front national (devenu RN) à 96 ans. Il avait salué le « combattant », « figure de la Ve République », et utilisé le mot « polémiques » pour évoquer le passé sulfureux du patriarche de l’extrême droite.

Marine Le Pen réagit à la mort de Jean-Marie Le Pen avec un message sans référence politique

Une réaction qui a suscité de vives critiques, à gauche, mais pas uniquement. Plusieurs élus ont effectivement accusé le chef du gouvernement de réhabiliter, ou de minimiser le parcours de Jean-Marie Le Pen, antisémite, raciste ou homophobe notoire, maintes fois condamné pour apologie de crime de guerre, provocation à la haine ou à la discrimination raciale. Pour ne citer que ces motifs.

Mais pas de quoi faire changer d’avis le Premier ministre, bien au contraire. Pour répondre à ces critiques, également formulées du côté du CRIF (conseil représentatif des institutions juives de France), François Bayrou reprend ses habits de professeur agrégé de lettres classiques. Interrogé par Libération, il invoque les racines grecques du mot « polémique. »

« Polemos : guerre »

À savoir : « Polemos : guerre. » Ainsi, poursuit le chef du gouvernement, « dire que la polémique était l’arme préférée de Le Pen, c’est la moindre des réalités. Si vous lisez le tweet, vous comprendrez que les affrontements sur le fond étaient nécessaires ». D’aucuns diraient que le rapport avec les critiques le concernant n’est pas tellement évident, puisque celles-ci ne portent pas sur le caractère belliqueux (ou non) du personnage, mais sur la qualification d’un parcours politique jonché de scandales.

Cette explication de texte est-elle de nature convaincre ceux qui voient derrière cette expression une formule trop laudative pour cette figure de l’extrême droite ? Pas sûr. Invité de Public Sénat ce mercredi 8 janvier, le député socialiste de l’Essonne Jérôme Guedj a encore dénoncé une façon « d’édulcorer » le parcours du fondateur du Front national.

Le message de François Bayrou était « hallucinant, lunaire. Jean-Marie Le Pen, c’est une vingtaine de condamnations pour contestation de crimes contre l’humanité, incitation à la haine raciale. Ce n’est pas un enfant de chœur », a-t-il ajouté. Au même moment, la présidente du groupe de La France insoumise à l’Assemblée nationale Mathilde Panot enfonçait le clou sur RTL. « Ce n’était pas une grande figure de la politique française. Jean-Marie Le Pen est un ennemi de la République », a fustigé la députée du mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon.

De fait, certains se sont fendus de réactions plus sobres. Ainsi, Emmanuel Macron a signé un communiqué qui rappelle avant tout le parcours électoral, et les mandats successifs de celui que ses soutiens surnommaient le « Menhir », en indiquant que son « rôle relève désormais du jugement de l’histoire. »

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