vendredi, mai 17
Franco Luciani en décembre 2023.

Un phrasé et un sens de l’improvisation renversants. Franco Luciani, 42 ans, harmoniciste argentin, est l’un des maîtres de cet instrument. Rare en Argentine, à part dans quelques musiques rurales. Luciani a tissé des liens forts avec lui dans le tango. En plus de son inspiration pour rénover le folklore, de ses élans vers le jazz. Il est l’un des interprètes de Tablao de Tango, vibrant trio de tango intimiste.

Un sommet d’excellence : le maestro de la guitare Rudi Flores, dont les cordes scintillent de chamamé, le folklore de sa terre natale, la région de Corrientes (nord-est de l’Argentine) ; le chanteur, acteur, ancien footballeur El Chino Laborde, qui a bourlingué à travers les continents en compagnie des grands orchestres de tango, et lui, Franco Luciani. Trois éblouissants solistes argentins, dont l’album De Alcohol y Desamor, enregistré en studio, avec des invités, vient d’être publié. Y défilent des compositions de Charlo (1906-1990), Gerardo Matos Rodriguez (1897-1948), Astor Piazzolla (1921-1992), Anibal Troilo (1914-1975), Angel Cabral (1911-1997), Carlos Gardel (1890-1935), Rudi Flores… Un répertoire croisant standards réinventés et perles méconnues, qui se termine sur une fantaisie d’un peu plus d’une minute, Occitango, une milonga signée Franco Luciani.

Rome avec Mercedes Sosa

Tous les trois sont de nouveau ensemble sur scène pour une tournée européenne. En accord parfait depuis leur rencontre, en mai 2022, à la Philharmonie de Paris et les dizaines de concerts de Tablao de Tango qui ont suivi. Franco Luciani, c’est le caïd de l’harmonica dans le tango, le plus fort et le plus plébiscité depuis Hugo Diaz (1927-1977), référence absolue. Luciani, c’est une carrière jalonnée de prix. Pas loin de quinze albums sous son nom, en comptant Tablao de Tango, des quantités en tant qu’invité. Il a joué avec ses confrères Grégoire Maret et Olivier Ker Ourio sur un disque hommage à Toots Thielemans, mort en 2016. Avec sa compatriote Mercedes Sosa (1935-2009), grande voix de l’Amérique latine résistante, il se souvient avoir interprété l’hymne national argentin à l’harmonica, lors d’un concert à Rome, en 2008.

« C’était le 9 juillet, jour de l’indépendance en Argentine et celui de son anniversaire à elle ! », raconte amusé Luciani, chez lui à Buenos Aires, où il vit depuis une vingtaine d’années. Il est 10 heures en Argentine (15 heures en France) quand nous l’y joignons en visio. Il vient de se préparer son maté, nous reçoit souriant et la voix joyeuse, raconte son histoire de vie avec l’harmonica : « Lui et moi, c’est un peu comme une relation romantique. »

Il vous reste 47.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version