Réforme des retraites : « Un acquis de la mobilisation exceptionnelle aura été de nous rappeler la contribution essentielle des syndicats à la démocratie »

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Après l’assurance-chômage, les retraites : les réformes de la protection sociale se font désormais sans, et même contre les syndicats qui en furent pourtant les principaux gestionnaires pendant des décennies. Et même les architectes : le régime général de la Sécurité sociale a été porté en 1945 sur les fonts baptismaux par Ambroise Croizat, secrétaire général de la fédération CGT de la métallurgie devenu ministre communiste ; l’assurance-chômage est née en 1958 de la négociation paritaire entre le patronat et les syndicats « libres », FO et CFTC. En dépit de positionnements syndicaux divers et souvent opposés au sujet de ces institutions, Emmanuel Macron aura accompli cet exploit de réunifier le camp syndical dans le refus de ses réformes : l’unanimité syndicale contre la réduction des indemnités chômage fin 2022 s’est prolongée dans un refus tout aussi net du recul de l’âge de départ en retraite.

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Engagées à marche forcée par le gouvernement, ces réformes ne font pas que dégrader les droits des salariés et des chômeurs. Elles s’attaquent à la légitimité même des organisations syndicales à participer au pilotage de la protection sociale. Elles sont allées de pair, depuis une vingtaine d’années, avec des transformations du droit du travail qui ont commencé par morceler la négociation collective avant de réduire ouvertement les moyens d’action des syndicats, créant même parfois les conditions de leur contournement, le tout au nom du « dialogue social ». Là aussi, constat unanime : des élus beaucoup moins nombreux, surchargés et fatalement plus éloignés des salariés, un affaiblissement considérable des instances chargées des conditions de travail… Même les syndicats qui ne s’étaient pas prononcés contre les ordonnances de 2017 dénoncent aujourd’hui leurs effets catastrophiques pour la défense collective des salariés.

Dans le projet de « révolution » macronienne, les syndicats ne sont tolérés que s’ils acceptent d’accompagner par le « dialogue social » les politiques de compétitivité des employeurs. Ils n’ont pas vocation à exister au-delà des entreprises et encore moins à être porteurs de contre-propositions d’intérêt général. Leur refus de la réforme des retraites est accueilli comme une protestation respectable mais infondée par le gouvernement qui mise sur la résignation. Il joue de la carotte et du bâton, félicitant ici les syndicats pour leur dignité dans les manifestations, menaçant là d’encadrer un peu plus le droit de grève, tout en assénant qu’il n’y a pas d’alternative.

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